De San Salvador de Jujuy (Argentine) à Tupiza (Bolivie) (et détour par le Sud-Lipez et le salar de Uyuni), du 6 avril au 10 avril 2019.
En route vers le pays dont on parle tant depuis que l’on est rentrés !
Même si l’Argentine est un pays coup de coeur, nous y avons bien souvent vogué avec nos principaux repères d’Européens : l’eau chaude dans la douche, des risques alimentaires très limités, un vin à tomber par terre. Des repères qui ont notamment permis à nos intestins de se porter comme il faut et à nos corps de ne pas trop souffrir à des altitudes ne dépassant que rarement les 2000 m (sauf un peu sur la fin du côté de Salta).

A en croire Charles, le cousin d’Elise, la Bolivie c’est encore un autre cran sur l’échelle de l’aventure. Alors depuis plusieurs jours, on se prépare à perdre nos repères.
Au départ de San Salvador de Jujuy, nous sommes ravis de ce que nous venons de vivre dans la région de Salta. Mais il nous faut bien continuer. Nous sommes à quelques heures à peine de la frontière bolivienne. Encore une fois, notre bus part de bonne heure de la gare routière très excentrée de Jujuy (se dit plutôt « Rourouille » d’ailleurs). Debout à 5h30 ! A 11h30 du matin, nous sommes toujours dans les faubourgs de « Rourouiiiilllle » ; notre bus faisant une longue pause au garage pour changer un pneu… Ca commence…
La longue route qui serpente jusqu’à la Quiaca, la ville argentine frontalière avec la Bolivie, est très belle puisqu’il s’agit en grande partie de remonter la « linda Quebrada de Humahuaca » (cf. article précédent). Tout cela passe relativement vite, dans un bus quasiment vide. Nous en profitons pour finir notre nuit et admirer un paysage de plus en plus désertique.

A la frontière, tout se fera très vite. Encore une fois l’Argentine est l’unique pays à contrôler les voyageurs. A priori, vous faites rentrer ce que vous voulez en Bolivie… Pour mon tampon bolivien, il faudra attendre encore quelques jours…

Notre bus nous dépose dans la gare de Villazon, ville frontalière bolivienne qui jouxte la Quiaca argentine (vous suivez ?). Dans la gare flambant neuve, des femmes scandent le nom de leur destination à tue-tête : Tupizaaaa, Tupizaaa, Tupizaaa ! Drôle d’ambiance. Je m’imagine tout de suite être dans la gare du Havre, avec une agent de la SNCF crier : Yve, Yve, YvetoooOOOOOOt !!!!! Il n’empêche que nous aurions sans doute plus envie de prendre les transports en commun avec une telle attraction. Très vite, nous trouvons un moyen de transport. Direction TUPIZAAAA !!!! Il faut dire que des rabatteurs ont pour travail de remplir le plus rapidement les petits « colectivos » (petits bus très répandus en Bolivie). Autant dire, il y a plus de personnel que de voyageurs dans cette gare….

Encastrés à une vingtaine là-dedans, nous voilà en route pour Tupiza, située à 90 km. Pour faire cette route, nous ferons pas moins de 4 brefs arrêts. Nous sommes en train de comprendre qu’en Bolivie la feuille de coca mène la danse. Car, oui, cette petite feuille que les Boliviens de tous âges, hommes et femmes, chiquent à longueur de journée, est un diurétique de compétition. Elle est censée aider l’organisme à gérer l’altitude certes, mais elle reste un puissant diurétique quand même. C’est ainsi, qu’on observera amusés, notre chauffeur uriner à 4 reprises à l’arrière du bus sur un trajet d’1h30… Belle performance !
Tupiza, une ville pas comme les autres…
Après ces petits soucis de prostate, à notre arrivée à Tupiza, nous avons bien compris que nous venons de franchir une nouvelle phase de notre périple. A Tupiza, les cholitas mènent la danse et les petits tuk-tuk motorisés ont transformé la ville en véritable piste de karting. Les cholitas ? Littéralement, c’est le terme utilisé pour parler des femmes indigènes d’origine campagnarde.


Il y a une visite phare en Bolivie, qui dure de 1 à 4 jour(s) selon le périple que vous entamez. Tout se passe dans la région du Sud-Lípez ; une région désertique au Sud-Ouest de la Bolivie. Une chose est sûre, c’est que le Sud-Lípez, ça se mérite. Le clou du spectacle est le célèbre salar de Uyuni. Il s’agit du plus grand désert de sel au monde avec une superficie de 10 500 km² ; informations que je donne pour ceux qui espèrent que la question tombe un jour dans une partie du « trivial pursuit ».
Les camps de base pour visiter cette région reculée sont les villes de Uyuni ou de Tupiza. Depuis plusieurs semaines, dans les auberges de jeunesse d’Amérique du Sud, tout le monde nous a donné le même conseil : pour les baroudeurs, préférez largement un départ depuis Tupiza plutôt que Uyuni. Cette dernière est devenue trop touristique à cause de sa proximité privilégiée avec le fameux désert de sel.

Mais avant de voir ce fameux salar, « Alejendro Adventure », notre agence, nous promet 4 jours de spectacle détonant, avec des déserts très poussiéreux, des volcans très majestueux, des formations géologiques improbables, de la haute altitude et des bains chauds. Nous recevons le programme le soir même, la liste des sites à visiter est bien longue. D’ailleurs, je ne vous en ferai pas la liste exhaustive dans cet article, de peur de vous perdre.

Avant de partir 4 jours dans le désert, on souhaitait prendre une petite journée de pause à Tupiza. Je vous rappelle que nous venons de nous taper une énième journée de bus depuis la ville argentine de « San Salvador de Rourrouille » Mais il en sera rien. Afin de remplir leur 4×4, l’agence nous force la main pour partir dès le lendemain matin. Départ 9h du mat! Alors, pour cette première soirée passée en Bolivie, nous décidons de ne pas faire de grande folie gastronomique et nous mangeons une petite pizza dans un restaurant conseillé pour les touristes par Franklin, notre jeune aubergiste à tout faire. A Tupiza, nous y reviendrons dans quelques jours, et je vous reparlerai de ce bon vieux Franklin.

Le lendemain matin, nous sommes prêts de bonne heure. Un peu groggy par le long voyage de la veille, nous attendons notre chauffeur qui doit nous emmener dans le Sud-Lípez bolivien pendant près de 4 jours.
En montant dans notre 4×4 de compétition, deux jeunes femmes françaises nous attendent. Je vous présente Monique et Dominique. Ces deux jeunes retraitées, pleines d’énergie, se sont faites recalées la veille, puisque que le couple qui devait embarquer avec elles a considéré qu’elles étaient trop… comment dire, trop âgées… En grimpant dans le 4×4, Dominique me regarde et me dit : « vous voulez bien voyager avec nous ? ». Comme si j’avais le droit de dire : « non ! « . Je n’ai pas bien compris sa question sur le moment, mais une chose est sûre, c’est que ce concours de circonstances a très bien fait les choses. Attendez de voir la suite.

Le Sud-Lípez… Et il y a des gens qui vivent ici ?
Et c’est parti pour la découverte de la région du Sud-Lípez, coincée à la frontière chilienne et argentine. Le Sud-Lípez, pratiquement vide de toute population, concentre, à mon avis, les plus beaux paysages des Andes, avec les lagunas Verde et Colorada notamment et des déserts lunaires. Et j’en passe et des meilleurs…
Notre chauffeur, Nelson, nous explique qu’il a un gros stock de feuilles de coca pour le mal des montagnes… Car, nous montrons à plus de 5000 m d’altitude pour la première fois de notre vie (3000, 4000, 5000…. ça commence à faire beaucoup non ?). De plus, son stock abondant de sucettes devrait nous aider également à tenir le choc, histoire que nos oreilles passent les cols. Sa conduite est souple, mais sportive… On sent qu’il connait le chemin comme sa poche. A côté de lui Paula sera notre cuisinière attitrée. Car pendant ces 4 prochains jours, ne croyez pas qu’on trouvera des troquets à chaque coin de rue.

Très rapidement, on s’arrête aux premiers points de vue. Il y a pas mal de 4×4 à se suivre, mais tout ce petit monde va s’éparpiller dans l’immensité du Sud-Lipez. J’en profite pour chiquer de la coca toute la matinée… C’est à volonté…

Toute la matinée, nous serons souvent ébahis par des paysages lunaires, tachetés de lamas, d’alpaguas et gigognes en liberté. Ces vastes étendues sont précieuses pour les Boliviens pour deux raisons. La première, c’est le tourisme, bien entendu. La deuxième, ce sont les minerais. La Bolivie est l’un des principaux producteurs de lithium au monde. « C’est ça qui fait marcher les télés ! « . A en voir le niveau de vie de la Bolivie, on peut dire que tout le monde n’en profite pas.

Dans la voiture, tout se passe bien. Dominique est un boute-en-train hors pair ; Monique, quant à elle, a le même humour second degré que moi.

Tout roule, jusqu’au petit village de Cerrillos, où nous nous arrêtons pour un premier déjeuner. En quelques minutes, Paula nous concocte un repas dans une petite salle mise à disposition par le village pour les touristes. Je ne peux m’empêcher d’imaginer la rudesse de la vie pour ces villageois si loin de tout… La région a beau extraire les métaux les plus précieux pour notre petite vie d’occidentaux ; les villageois n’en profitent visiblement pas. Oui, les touristes comme nous permettent à certains de vivre de l’artisanat. Monique, en ancienne institutrice, semble toute retournée de voir ces enfants jouer les dames pipi. Ce premier stop nous remet un peu à notre place, nous les chanceux voyageurs bien nés…

Et nous repartons sur les pistes du Sud-Lípez à enchaîner les paysages hallucinants les uns derrière les autres. Nous sommes ébahis devant chaque troupeau de vigognes se baladant ça et là. Nelson doit nous prendre pour des débiles de temps à autre…


En milieu d’après-midi, à près de 4000 mètres d’altitude, Nelson nous propose une petite marche sur les hauteurs des ruines du village de San Antonio de Lipez, situé au pied du Cerro Lipez, culminant à plus de 5929 mètres d’altitude. Le souffle coupé nous nous approchons des ruines et Elise s’amuse avec un chinchilla jouant à cache-cache avec les touristes dans les ruines…

Soudain, rien ne vas plus… Je fais un malaise. On m’enfourne dans le 4×4. Nelson me fait boire une tisane de feuilles de coca et me donne une banane ou deux. Je m’allonge sur la banquette arrière, fiévreux et frigorifié. Je passe ainsi la fin de la journée, complètement congelé, fiévreux, à l’arrière du 4×4…

A partir de maintenant, vous n’aurez pas trop de photos pendant un petit moment… Arrivés à notre premier auberge pour la nuit, l’endroit est somme toute assez rudimentaire. Il n’y a pas de douches, pas d’eau chaude… De toute façon, je suis au bout de ma vie, ce n’est pas ça le problème pour ce soir. A la fièvre s’ajoutent des problèmes intestinaux, dont je vous passe les détails… Dans notre dortoir, le soir, je me souviens de voir les filles déballer sur le lit d’à côté tous les médicaments que chacun possédait dans le fond de son sac. Je me rappelle aussi de la tête de Nelson qui semblait les regarder comme des lingots d’or. Et lorsque nous avons refait notre stock d' »imodiums » une semaine plus tard à Sucre, j’ai compris son attitude. Ici, les médicaments valent une fortune et il avait dû rarement en voir dans de telles quantités. Il a dû nous prendre pour des fous… Alors, ai-je chiqué trop de coca ? Suis-je resté trop longtemps au soleil ? A plus de 4000 m d’altitude, le soleil peut vite devenir dangereux… On ne le saura pas…
La nuit sera pour moi, terrible… Le lendemain matin, on ne peut pas dire que ce soit la grande forme. Elise s’inquiète de me remettre dans le 4×4 pour 10h de route, enfin 10h de piste défoncée plutôt…
Nelson nous explique qu’il doit impérativement poursuivre sa route. Mais que si on préfère rester, nous ne sommes qu’à 48 heures de bus 4×4 (oui de bus 4×4) d’un hôpital au Chili. En gros, tout va bien, on est dans une belle galère… Mais pas tant que ça, car j’ai mes trois anges gardiens avec moi, dont Dominique, ancienne pharmacienne. Elle me donne une bonne dose de cheval en me faisant un cocktail de tout un tas de médicaments.
Et c’est ainsi, qu’en restant bien sage, allongé sur la banquette arrière et en évitant au maximum d’être secoué, je passe la matinée sans dégât. Je vous rappelle qu’on est dans le désert, pas question de se cacher derrière un arbre en cas de problème. Enfin, vous m’avez compris…
Je passerai la matinée vaseux à profiter du paysage malgré tout. Il n’est pas vraiment question de sortir du 4×4 pour prendre des photos. Je regarde le paysage en tant que passager du 4×4. C’est déjà pas mal. Elise me fait des photos pour que je puisse voir ce que je rate… A vrai dire, il y a des fois je m’en fichais un peu d’être à 5000 m d’altitude devant des paysages merveilleux… Je ne souhaitais que d’une chose : une vraie route pour arrêter d’être secoué !

Toutefois, même malade, je me rends bien compte qu’entre Nelson et Paula, c’est un peu : « Suis moi, je te fuis, fuis moi je te suis »… En gros, le levier de vitesse du 4×4 est le lieu de toutes les disputes et de toutes les retrouvailles de nos deux jeunes tourtereaux. Cette relation ne sera pas sans nous causer quelques déboires en fin de périple…
Le midi, nous mangeons à Polques, endroit attendu puisque nous étions censés nous baigner dans les eaux chaudes et volcaniques. Bon, il ne faut pas trop m’en demander quand même… Je vais faire le minimum, prendre des photos de ces dames.

Je resterai dans la voiture pendant que les filles iront manger les bons petits plats de Paula. En revenant, Elise me ramène un peu de visite. Sarah et Louis, vous vous souvenez ? Ce sont nos Bretons rencontrés sur la route de Valparaiso. Je suis content de voir d’autres têtes que je connais… Cet immense désert bolivien est visiblement pas si vaste que ça… Peu à peu, je vais reprendre vie dans cet deuxième après-midi de périple.

Le soir, ce ne sera pas la grande folie. Mais, il y a une douche à la « Claude François ». Ma première, j’en avais entendu parlé (cf. photo ci-dessous). De toute façon, au point où j’en suis, une petite décharge ne peut pas me faire de mal.

Le troisième jour, je reprends du poil de la bête et par le même coup mon job de photographe officiel de la petite troupe. A la sortie de Villa Mar, nous passons encore par des paysages improbables. D’ailleurs, je ne vous liste pas le nombre incalculable de lieux où nous ferons escale pendant ces 4 jours. L’expression, » on en a eu pour notre argent », même si j’ai horreur d’avoir l’impression d’être un unique consommateur du tourisme, mérite d’être citée. Comment être déçu par ce périple ? J’ai vu certains paysages en étant au bout de ma vie et je les ai quand même trouvés fantastiques…



Décidément ce Sud-Lípez est un endroit unique au monde. Le midi, nous arrêtons à Julaca. Une voie ferrée passe dans ce village digne d’un décor de western.


L’endroit est pourtant si stratégique pour le pays. Ce chemin de fer est le seul cordon qui relie le pays à l’océan pacifique. Car la Bolivie a beau avoir tous les minerais dont raffolent nos ordinateurs et autres téléphones portables, elle a perdu son seul accès à la mer lors de la guerre du Pacifique (1879 – 1884) menée contre le Chili.

Et ça c’est un vrai problème pour l’exportation de tous ces trésors. La marine nationale bolivienne est donc confinée sur le lac Titicaca, à près de 3800 mètres d’altitude, depuis près de 140 ans. Drôle d’histoire pour ces marins d’eau douce… Cette petite dispute entre voisins est toujours d’actualité et les Boliviens l’ont toujours en travers la gorge. L’économie bolivienne est grandement pénalisée, ce qui crée une tension croissante et permanente avec leur voisin chilien. Concernant le désastre écologique que représentent ces extractions, c’est encore une autre histoire…

Ainsi, au bout de la voie de chemin de fer, le Chili et son port d’Antofagasta d’où sera exporté tous ces minerais. Ainsi, nous verrons ce train, plein de minerais, venu de nul part, pendant que nous mangions encore. Ce repas fut si improbable…
Passe moi le sel !
En cet fin d’après-midi, Nelson a une petite surprise pour nous. Il nous propose de déposer rapidement nos bagages dans notre hôtel de sel (oui de sel – avec des murs en sel), pour aller voir le salar. Maintenant que l’on est à côté. Quelques minutes plus tard, on y est… On aurait pu être gavés. Voilà trois jours que nous observons les splendeurs de la Bolivie. Mais là, le salar nous remet une bonne claque. Le soleil est couchant, il n’y a pas un brin de vent et le désert de sel est encore plein d’eau. Il forme un miroir infini se confondant avec l’horizon. Rien que ça…

Dès notre arrivée, Nelson observe le passage des premiers 4×4 de la saison sur cette endroit très spongieux. La saison des pluies vient de se terminer et le salar est en train de s’assécher. Selon lui, on pourrait être les premiers à passer cette année sans couler. En voilà une bonne nouvelle !

Pour cette dernière soirée tous ensemble, Nelson sortira l’apéro et les petits amuse-bouches, à déguster devant ce superbe spectacle.


Autant dire, Nelson sait y faire avec les Français. Sortir l’apéro maintenant, on ne pouvait pas espérer mieux. Et malgré mes intestins à peine remis et très « aléatoires… », je ne pourrais pas résister à l’idée de trinquer avec mes compagnons de fortune.

Le soir nous prenons notre dernier repas à notre auberge de sel. On comprendra d’ailleurs plus tard que si des Boliviens vous servent une soupe avec des frites, c’est bien pour tremper les frites dans la soupe. Ce n’est pas pour manger les deux plats séparément.
Ce soir, il y a même une douche. Mais avant cela nous devons aller chercher le grand-père de la famille qui viendra nous ouvrir l’eau. Elise verra la petite pièce où toute la petite famille vit entassée ; alors que nous, nous allons dormir dans la partie entièrement refaite de leur établissement. On sera un peu gênés encore une fois d’être si bien nés. Décidément, on s’en prend des claques en Bolivie.

A l’aube, nous partons voir retournons au salar. La journée y est consacrée. Je nous vois encore dans le 4×4 en pleine nuit en train de traverser un « mer intérieure ». Nous distinguons l’eau au niveau des portières. Pourvu que nous ne tombons pas dans une crevasse. Nelson restait quand même inquiet la veille, non ?

Bon tout se passera bien et la lumière fut. Les photos parlent d’elles mêmes.


Une fois le soleil levé, nous repartons à toute pompe en direction de l’île aux cactus, située au coeur du salar. Et oui, depuis 4 jours, c’est la première fois qu’on ne se fait pas trimbaler dans le 4×4. Un désert de sable, c’est bien plat comme il faut quand il s’est asséché. Alors Nelson a mis les gaz.
Arrivés à l’île au cactus, nous sentons que nous nous rapprochons du tourisme de masse et de la ville d’Uyuni. Paula a encore fait des miracles et nous sert un bon petit déjeuner que nous prenons sur le tarmac du salar.

Elise déclare forfait pour cette énième petite marche et je monte avec Monique et Dominique vers le sommet de cette île aux cactus. A 3800 mètres d’altitude environ, je sens bien que je n’irai pas en haut de cette petite difficulté ce matin. Dominique, elle, qui doit carburer plus qu’à la feuille coca, s’en va seule gravir la montagne aux cactus. Pour Monique et moi, ce sera un super moment de pouvoir refaire le monde devant un levé de soleil si particulier. Un de ces moments inattendus, qui reste gravé plus que d’autres. Allez savoir.

Après quoi, il est temps de faire les fameuses photos qui ont fait la renommée du lieu. Bon, on ne vous cache pas qu’on n’était pas vraiment venus pour cela, même si tout le monde nous en avait parlé avant notre départ.

Un rallye pour rentrer à Tupiza ! Ce n’était pas vraiment prévu…
Et voilà, nous arrivons dans la touristique ville de Uyuni. Rien d’exceptionnel dans cette petite ville qui se développe à vitesse grand V. Avant de prendre un dernier repas et de remplir le questionnaire de satisfaction, Nelson nous fait faire des détours dans la ville. On ne comprend pas très bien pourquoi perdre tout ce temps. De notre côté, plus rien ne nous effraie après cette formidable aventure faite de rebondissements, de paysages spectaculaires et de douleurs intestinales…

Il va être temps de dire au revoir à Dominique et Monique, non sans une petite pointe d’émotion. Mais nous les reverrons nos ex-belles soeurs de choc… Elles ne pouvaient pas revenir en France sans nous partager leurs dernières aventures au Pérou. Mais ça, ça sera pour dans quelques semaines…
Si vous suivez toujours, nous sommes partis de Tupiza pour atteindre la ville touristique de Uyuni, en traversant le désert puis le salar, fin de notre périple de 4 jours.
Néanmoins, nous avions envie de revenir à Tupiza. Depuis quelques jours, Nelson nous avait certifié qu’il pourrait nous ramener à Tupiza sans problème. Ca ne le dérangeait pas de nous supporter quelques heures de plus.

Au moment où Monique et Dominique claquent la porte du 4×4 pour poursuivre leur route vers La Paz, nous pensons faire un petite sieste, pendant que Nelson nous conduira à notre chambre de Tupiza. Vu ce qui m’est arrivé, je pense qu’un peu de repos s’impose. Mais, tout ne s’est pas passé comme prévu. J’ai l’impression que c’est ce qui caractérise ce pays. Rien ne se passe jamais comme prévu… C’est sans doute pourquoi on a adoré malgré certaines épreuves.
Quelques secondes après le départ de nos deux grands-mères, Nelson nous explique qu’il doit réparer son 4×4. Les frais sont beaucoup moins importants ici qu’à Tupiza. Il nous propose de nous payer un « colectivo » qui nous ramènera. Bon d’accord… En quelques minutes, nous voici balancés dans un « colectivo » surchargé… Bon tant pis pour la sieste. 3 heures de « colectivo » n’a jamais rien de tout repos, mais là, nous avons même le droit au Schumacher local…
Après coup, un doute nous assaillira. Et si le 4×4 ne se portait pas si mal ? Je crois savoir pourquoi on s’est arrêtés à l’autre bout de la ville ce matin. On cherchait un hôtel. Les amourettes de Nelson et Paula semblent être au beau fixe. Il semble que nous étions de trop dans leur programme de l’après-midi et leur sieste crapuleuse… Bon, tout cela aurait pu rester du domaine du « Ha, c’est mignon… », si nous n’avions pas cru mourir dans ce fameux « colectivo » dans lequel Nelson nous a balancés.
En effet, notre chauffeur s’amusera pendant près de deux heures à prendre tous les virages à la corde sans visibilité… Je commence à regarder son visage dans le rétroviseur intérieur… C’est bien ce que je craignais : il est complètement shooté. Dans un virage, où il joue une nouvelle fois avec notre vie, je m’exclame : « C’est pas fini, oui !!!! ». Je regarde les autres passagers en leur faisant signe de dire quelque chose. Mais tout le monde chique sa coca sans broncher et personne ne semble apeuré par cette conduite complètement folle.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que l’on voyage ; voilà près d’un an qu’on vagabonde. Depuis le début du Tour du Monde, je n’ai jamais vraiment eu peur dans les transports. Quand Elise a peur, elle me regarde toujours pour se rassurer. Non, mais là j’ai la trouille. A force de forcer la chance à chaque virage, nous arrivons sur une zone de travaux à la sortie d’un virage, impossible de freiner… Zig, puis zag, Mais le chauffeur réussira à éviter les travailleurs pour qu’on finisse notre course sans trop de dégâts dans les graviers. Il était moins une… S’en est trop pour nous… Par chance, quelques minutes plus tard, on fait un stop à Atocha, la petite ville minière de la mi-route (une sorte d’Yvetot entre Rouen et Le Havre)…

Le chauffeur nous fait de toute façon descendre. Il nous faut trouver un autre chauffeur. Nous trouverons un petit « colectivo » en piteuse état, mais qui ne dépassera rarement le 60 km/heure… Très bien, on a eu assez peur pour la journée…
Encore une bonne heure et nous retrouvons Franklin, son hôtel et ses douches chaudes… En fait, on va trouver bien plus ; mais ça c’est pour la prochaine fois…
FD