EPISODE 8 : EN ATTENDANT NOËL…

Du 13 au 21 décembre 2018 – De Christchurch à Picton.

Comme une petite angoisse…

Une fois Fanny déposée à l’aéroport de Christchurch, nous avons comme un petit coup de « calgon »… Car mine de rien, depuis que nous sommes partis, notre calendrier d’amis venant nous tenir compagnie était bien rempli. Romain et Coraline en Malaisie, puis Floriane, Victor et Jean-Pierre en Indonésie et maintenant Fanny sont repartis ; et dans le planning, ce genre de petites retrouvailles au bout du monde semble ne plus être à l’ordre du jour pour personne…

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Ça fait du bien de revoir des têtes connues…

Et au moment où Fanny s’apprête à embarquer pour retourner en France, nous venons de vivre 8 mois loin de chez nous, mais entrecoupés toutefois de parenthèses amicales qui nous ont chaudement réchauffé le moral et notre motivation… Serons-nous capable de revivre 8 mois seuls et, qui plus est, sans voir la moindre tête connue ? Je vous avoue que cette question m’a traversé l’esprit au matin de déposer Fanny à l’aéroport de Christchurch.

Les Français de la péninsule de Banks !

De retour dans la plus grande ville de l’île Sud, nous en profitons pour rejoindre la péninsule de Banks, située à environ 60 km à l’Est de Christchurch. La péninsule de Banks est un volcan éteint érodé formant une péninsule rattachée à la côte Est de l’île du Sud et s’avançant dans l’océan Pacifique Sud.

Désormais l’objectif de cette fin d’année est de rallier Wellington pour Noël en profitant un maximum de cette île Sud qui regorge de tant de diversité. Nous entamons donc notre courte étape pour s’arrêter à Akaroa. Pour nous les Frenchies (les Français, mémé, mais je pense que tu avais compris), cette petite bourgade n’est pas sans intérêt historique.

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Rue Lavaud, rue Benoit…

Je vais faire mon « Franck Ferrand » (#stephanepourjulia) quelques instants pour que vous compreniez. En 1840, les Anglais signent avec les chefs de la Confédération des Tribus unies de Nouvelle-Zélande ainsi que d’autres chefs tribaux māoris le traité de Waitangi. Le traité est considéré comme l’acte de fondation de la Nouvelle-Zélande en tant que nation. Autant vous dire qu’il fait toujours l’objet de contestation par les Māoris qui ont sans doute été lésés dans l’affaire. Je m’imagine bien la scène : « signez là, on en reparlera plus tard ! » Toujours est-il que plus au Sud, dans la péninsule de Banks dès les années 1830, des baleiniers français s’étaient installés dans la péninsule à Akaroa, profitant d’un secteur très propice pour la chasse à la baleine. En 1838, le capitaine français Jean-François Langlois fait un retour en France pour effectuer les démarches qui lui auraient sans doute permis de faire de l’île Sud une nouvelle colonie française.  Il ne reviendra qu’en 1840 à Akaroa. Sauf que le traité de Waitangi vient d’être signé il y a quelques jours seulement, établissant la souveraineté britannique sur tout le territoire de la Nouvelle-Zélande, dont l’île Sud. Durant les années qui suivent, on laissera les Français s’implanter dans deux petits villages dont Akaroa. Cela ne durera pas bien longtemps et aujourd’hui ne croyez pas que vous pourrez parler français en Nouvelle-Zélande. N’empêche qu’à quelques jours près, j’aurais pu parler français pendant plusieurs semaines peinard à l’autre bout du monde…

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Akaroa sous la grisaille…

Toutefois à Akaroa, nous nous amuserons à lire le nom de quelques rues bien franchouillardes, comme rue Lavaud ou encore rue Benoit… Bon tout cela relève aujourd’hui davantage du folklore, afin d’amener un peu de touristes dans ce bout du monde.

En fait, nous n’avons pas l’intention de nous éterniser à Akoroa et allons directement chez notre hôte du soir qui habite à quelques encablures aux abords de la baie des pigeons, au cœur de cette péninsule de Banks. Pendant deux nuits nous logeons dans une petite cabane qu’elle a installée dans son jardin.

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Deux jours au cœur de la baie des pigeons…

L’endroit est à l’image de ce que vous vous représentez normalement de la Nouvelle-Zélande : un paysage vallonné, verdoyant et animé par des hordes de moutons qui semblent vivre assez paisiblement aux confins de l’hémisphère Sud.

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Le lendemain, nous faisons une très belle randonnée de 16 kilomètres qui longe une bonne partie de cette baie des pigeons. Ce sera la randonnée préférée d’Elise en Nouvelle-Zélande… Bon, il faut dire que c’était tout plat. Mais l’endroit n’est vraiment pas touristique et cette promenade au milieu des troupeaux de moutons sera un vrai régal pour nous…

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La baie des pigeons, rien que pour nous…

Comme quoi, les fameux incontournables des guides touristiques ne créent pas forcément les meilleurs souvenirs.

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16 kilomètres au milieu des troupeaux de moutons…

 

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Une très belle journée !

L’heure du défi !

Le lendemain, nous décidons de retraverser les fameuses Alpes Néo-Zélandaises que nous avions traversées avec Fanny…

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Nous faisons une pause pique-nique à Springfield dans un petit parc assez spéciale (voilà ce que tu avais raté Fanny)

Vous vous rappelez d’Arthur Pass, le paradis de la randonnée, et bien nous y étions passé assez rapidement avec Fanny et j’avoue être resté un peu sur ma faim… Avant de quitter cette île Sud, j’avais vraiment envie de me lancer un défi. Pour certains, la randonnée que je vais vous décrire relève sans doute d’un petit entrainement, mais pour moi ce qui va suivre m’effrayait un peu.

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En route pour Arthur Pass !

Plusieurs blogs m’amènent à vouloir gravir « Avalanche Peak ». Les mensurations du dénommé « Avalanche » m’interpellent quand même avant de m’élancer. Il s’agit de gravir plus de 1000 m de dénivelé positif (Mémé, cela correspond à 10 fois la hauteur des falaises de Fécamp) sur moins de quatre kilomètres seulement. Il y a une erreur… Et bien non apparemment. La veille, nous nous renseignons auprès d’un ranger qui me dit « c’est faisable, par contre par rapport à l’ascension du Roys Peak (randonnée où Elise a failli y rester d’épuisement), c’est beaucoup plus difficile, rien à voir… ». De toute façon, Elise n’avait pas envie de venir, faisant la grève de la marche jusqu’à l’année prochaine. Me concernant, je m’interroge ; mais je me décide à partir, les conditions météorologiques étant en ma faveur. Une dernière nuit dans un dortoir de randonneurs, imaginez les odeurs, et à 7 heures tapantes je suis au pied du monstre. Pendant environ 3 heures ascension, c’est une vraie épreuve sportive qui m’attend (à mon niveau).

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Le soleil se lève sur Arthur Pass

Plus de l’escalade que de la marche, j’essaie de prendre mon temps pour profiter d’une nature qui se réveille. Quand tout à coup, je suis interpellé par un chant bien étrange… Je et me fait surprendre par un kéa me chantant son dernier single… Et puis, quelques secondes plus tard, c’est un deuxième kéa qui apparaît à quelques centimètres de moi… Je cherche délicatement mon appareil photo au fond de mon sac… Plus de carte SD… Rien de grave, ce moment est magique car ce perroquet est en voie d’extinction même si de gros efforts laissent à croire que sa situation semble s’arranger. Pour votre information le kéa est le seul perroquet de montagne du monde, uniquement observable en Nouvelle-Zélande, capable de fouiner dans votre sac et d’y dénicher ce qui l’intéresse ; son surnom « le clown des montagnes ».

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Glissade interdite…

Quelques minutes plus tard, je double un couple, la femme semble craquer avant d’abandonner son ascension… Je poursuis seul et profite du monstrueux Mont Rolleston sur ma droite, habillé d’énormes glaciers même en pleine été. J’aperçois à 600 m de l’arrivée le sommet. Cela commence à devenir difficile pour moi, et certains passages sont vraiment périlleux… Le chemin se transforme par endroit en escalade au bord du précipice. Autant dire vous n’avez pas le droit à l’erreur, il s’agit d’être sérieux… C’est un message que j’adresse à des parents qui voudraient tenter l’aventure avec un enfant turbulent… A moins vouloir le perdre, je vous déconseille grandement cette randonnée.

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Le chemin disparaît et la randonnée se termine en escalade…

Une fois en haut, je suis légèrement déçu, une vingtaine de personnes, montée par l’autre versant, est agglutinée en haut du pic pour le déjeuner…. N’ayant vu personne de la matinée, j’imaginais « casse croûter » seul avec le glacier Rolleston…

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Autant dire, si vous avez un problème avec le vide, je vous conseille de rester au village boire un chocolat chaud…

Je redescendrai de quelques encablures pour profiter un peu plus sereinement de l’endroit ; en regardant le chapardeur kéà tentant se dégoter le sandwich d’un autre touriste. La descente ne sera pas de tout repos non plus, mais je la fais plus rassuré avec un couple de français quinquagénaire ayant tout quitté pour un long voyage également.

Il est temps de rouler un peu…

Le lendemain de cette randonnée éprouvante, une longue route nous attend pour rejoindre Motueka et la baie Abel Tasman. Nous longeons la côte jusqu’à Westport, en profitant d’une superbe côte déchiquetée. Au bord de la route, nous buvons un café en discutant avec un gentil kiwi qui nous conseille d’aller voir la Golden Bay plus que la baie d’Abel Tasman. Cela a une importance pour la suite, puisque nous allons bouleverser tous nos plans suite à cette rencontre.

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En route pour Westport !

De Westport à Motueka, nous roulons sur la route la plus ennuyeuse de Nouvelle-Zélande, mais malgré cela, ces longs kilomètres dans la forêt nous serons très agréables, puisque nous l’accompagnons d’une jolie playlist française… Oui, le mal du pays se fait ressentir bien souvent en voyage.

Mais arrivés à Motueka, ce petit coup de « mou » est vite effacé par la rencontre de nos Alsaciens préférés, Aurélie et Frank qui, le temps d’une soirée, nous ont donné envie de visiter leur région  !

Le lendemain, nous décidons donc de ne plus visiter la baie Abel Tasman, qui nous semble bien touristique, au profit de la Golden Bay qui nous a été conseillée par un local.

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La Golden Bay !

Après un petit café à contempler la Golden Bay, nous nous dirigeons vers le cap Farewell ; pour ceux qui connaissent les falaises d’Etretat, la ressemblance est troublante.

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Troublant, non ?

Elise ayant décrété une gréve de la marche, me voilà reparti vers sur ce qui devait être une petite promenade de santé pour parcourir les 2,4 kilomètres qui relient le Cap Farewell et la plage de Wharariki. Attention, comment se retrouver dans la panade en Nouvelle-Zélande ? Mode d’emploi… Je pensais que c’était pourtant impossible de titiller l’imprévu dans ce pays si beau, mais parfois si lisse. Et bien, j’ai été servi…

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J’ai un peu l’impression d’être à la maison…

J’entame cette randonnée tout guilleret. Ce paysage me rappelle ma chère côte d’Albâtre. Devant moi, une petite série de petites criques m’attendent. De là, j’observe depuis le haut de la falaise les lions de mer et autres otaries en train de se faire bronzer. Leurs cris raisonnent dans ces criques abruptes. Tout cela semble un peu irréel. J’ai presque l’impression qu’ils souhaitent discuter.

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A ce moment, je remercie le petit vendeur de café de la veille… Si vous avez du temps, la Golden Bay, c’est le bon plan oublié des guides touristiques…

Au bout d’une petite heure, j’aperçois la plage de Wharariki. Je me dis que je suis presque arrivé, Elise ne va même pas m’attendre sur le parkinnnnnnnnnggggggggggg… Plafffff… Je viens de faire une chute sur le dos d’une grande qualité artistique ; mon appareil ayant volé dans les fourrés et ma bouteille d’eau m’ayant sans doute préservé un minimum les vertèbres… Tout cela sous le regard amusé des moutons qui je vous le rappelle sont bien plus nombreux que les humains sur cet île…

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Lol !

Allez rien de grave, je suis bientôt arrivvvvvvvvvvvvééé… Deuxième chute… Bon il est temps que je rentre moi… Me voilà arrivé sur la plage à 1 km du parking, c’est à ce moment que je m’engage sur un petit chemin qui part dans les fourrés. Et là c’est drame ! J’aurais pu finir ma randonnée les pieds dans le sable mais je décide de prendre le semblant de chemin qui devient rapidement quasiment invisible.

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Cette belle randonnée en bord de falaises s’est un peu durcie sur la fin…

Petit détail d’importance, j’ai la malchance d’avoir une allergie au pollen. En ce début d’été, les pollens sont à la fête. Lorsque je me retourne pour tenter de faire demi-tour, impossible de retrouver mon chemin dans une végétation qui m’arrive désormais à la taille… Mon nez commence a me chatouiller, je me dis que je trouverai mon salut dans le champs d’en face… Les vaches ayant bien fait leur travail… Sauf que de champs en champs et ne pouvant plus faire demi-tour, comme dans un mauvais rêve, je me retrouve désormais avec de la végétation qui commence carrément à me chatouiller le menton… Sur la crête à une centaine de mètres, j’aperçois des marcheurs. Sauvé… Et puis non, me voilà bloqué par une rivière vaseuse dont je ne vois pas le fond… Un peu dangereux de tenter un passage… Mon allergie commence à m’indiquer que je vais bientôt ne plus pouvoir respirer et bien entendu mon téléphone ne capte pas. Je commence à paniquer et me dit que ça serait tellement bête de finir ici, à 100 mètres de ce chemin inaccessible, si près des secours qui ne me voient pas en contrebas… Mais qui dit champs, dit accès pour le bétail…. Je trouve une entrée, mais l’agriculteur a enlevé la passerelle… Ce n’est pas possible… Je suis en réalité sur une sorte d’île… La rivière contourne tout le champs… Je continue et trouve finalement une passerelle cachée dans les fourrées avant de retrouver la route d’accès à la plage…

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Cette passerelle m’a sauvé la mise…

Au loin, Elise discute avec des Israéliens qui lui demandent de les ramener à leur voiture…

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Elise profitera toute seule de cette superbe plage de Wharariki…

Une soirée plus tard, quelques paquets de mouchoirs et quelques antihistaminiques et tout rentrera dans l’ordre… Comme quoi, être trop confiant peut vite s’avérer être une erreur en voyage, même dans un pays si balisé que la Nouvelle-Zélande.

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Ça doit souffler dans la région…

Direction Picton et le ferry !

A quelques jours de Noël, nous sommes à nouveau sur les rotules. Vous avez d’ailleurs sans doute l’impression que l’on parle souvent de la fatigue dans nos articles. Mais il faut dire que ce mot est rapidement devenu notre pire ennemi.

De Motueka, nous faisons une brève halte dans la petite ville de Nelson, qui mérite le coup d’œil si vous avez envie de retrouver un tantinet soit peu une sensation de marcher dans une rue piétonne et commerçante.

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Les rues piétonnes et les magasins, cela ne court pas les rues dans l’île Sud…

Le lendemain, il s’agit déjà de notre dernière journée dans l’île Sud. Cette journée arrosée nous conduira pour un « lunch » un peu particulier à Haveloch. Ce petit port de la région de Malborough est réputé pour être la capitale de la « greenshell mussel » autrement dit la moule à coquille verte.

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La « greenshell mussel » !

Bon dit comme cela, vous n’avez peut-être pas très faim, mais pour Elise qui est passionnée des moules-frites, entrevoir la possibilité de recroiser des moules dans son assiettes l’enchante depuis plusieurs jours. Je ne vous cache pas que même si nous sommes contents d’avoir essayé, la moule d’Haveloch est bien trop grosse, voire légèrement écœurante, pour rivaliser selon moi avec la moule de nos côtes normandes…

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On est plutôt sur l’idée d’un « steak de moules », vous voyez ? Bon, vous vous ferez votre avis si vous avez la chance de passer par là…

Maintenant direction Picton. Point de passage obligé pour prendre le ferry qui nous ramènera sur l’île Nord à Wellington. Cette petite capitale aux allures havraises, nous parait être un bon point de chute pour passer Noël au chaud. Bon, il faut dire que l’été bas son plein pour les Néo-Zélandais…

FD

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