EPISODE 9 : DE VALPARAISO A SALTA – DES PAUSES S’IMPOSENT…

Une deuxième traversée des Andes, perchés au premier rang…

Depuis Valparaiso, nous avons prévu de retourner en Argentine (et oui pour la troisième fois, vous avez bien suivi) pour rejoindre la mythique ville argentine de Mendoza. Mythique ? Pourquoi ? Pour ses célèbres vins ! Vous ne connaissez pas ? Nous, on les connait par cœur maintenant…

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Au départ de Valparaiso, nous sommes cuits… Mais que d’émotions !

Une fois de plus, notre bus part de bonne heure. 5h30 du matin ! Pour rejoindre la gare de Valparaiso, qui est à plus de 3 kilomètres de notre hôtel improbable (cf. article précédent), nous décidons de prendre un Uber pour traverser une ville qui restera peut-être l’une des moins sûre de notre Tour du monde. Le quartier de la gare n’est pas pour nous rassurer. Mais nous partons à l’heure, direction Mendoza.

A la sortie de Vina del Mar, voici que ma vue se brouille, mes oreilles bourdonnent, la nausée me vient. Voilà que je me sens partir… Elise, en bonne infirmière, me fiche une baffe, relève mes jambes sur le pare brise du bus et me donne du sucre. Encore une fois, nous avions choisi d’être au premier rang ; ces places ont un double avantage quand on est grand, en plus de voir le paysage. Quelques minutes plus tard tout reviendra dans l’ordre après cette petite frayeur matinale…

Pour rejoindre Mendoza, il nous faut traverser une nouvelle fois les Andes (la deuxième fois pour ceux qui suivent) et passer une nouvelle fois la frontière. Pour la première fois de notre voyage, nous allons passer la barre des 3000 mètres d’altitude. Et ce n’est pas sans une petite appréhension, qui plus est après mon malaise vagal du matin. Le genre d’incident qui ne m’arrive pourtant jamais…

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Les Andes…

La route entre Valparaiso et Mendoza, en empruntant la Ruta 60 (côté chilien) puis la ruta 7 (côté argentin) est sans doute l’une des plus belles de notre voyage. Ce trajet sera un spectacle à part entière, il faut bien le dire, et les photos parlent d’elles mêmes.

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Avant d’arriver à la frontière, nous traversons le tunnel « Christo Rendendor de los Andes », perché à plus de 3000 m… Les oreilles ont sifflé à ce moment…

Ma seule déception de la journée se réalisera au passage de frontière puisque les Argentins gèrent l’intégralité du passage. Je n’aurai donc pas d’autre tampon chilien sur mon passeport.

Toujours est-il que nous avons le souffle coupé en descendant du bus pour gérer notre passage de frontière. Voilà ce que cela fait de dépasser les 3000 m d’altitude. Dans quelques semaines, on considèrera que 3000 m d’altitude est la normale… Il faut dire que l’on montrera à plus de 5000 m d’altitude…

A la frontière, tout se passera très rapidement pour nous. Nous sommes les seuls touristes du bus. La situation semble toutefois plus compliquée pour une famille vénézuélienne. A partir de ce moment du voyage, nous serons les observateurs impuissants d’un exode vénézuélien vers la Colombie, le Pérou puis l’Argentine et le Chili.

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Notre point de vue de choix pour observer le paysage

Une fois les contrôles passés, j’en profite pour profiter du paysage de western qui s’offre à nous, pendant que tous les passagers de notre bus passent les contrôles. Et nous voilà repartis.

Selon mes calculs, nous devrions voir sur notre gauche le Mont Aconcagua, surnommé le « colosse de l’Amérique ». Il s’agit du toit de l’Amérique du Sud, culminant à 6 962 m d’altitude. Nous le verrons une dizaine de secondes…, mais assez pour être impressionnés.

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Le Mont Aconcagua, surnommé le « colosse de l’Amérique » !

L’après-midi de bus qui suivra sera pour moi un vrai spectacle. Assis au premier rang du bus, chaque virage m’offrira un nouveau panorama grandiose. Sabrina et Max m’avait prévenu lorsque nous les avions rencontrés au début de notre dernier bénévolat. Pour Elise, ce sera dans les bras de Morphée qu’elle ne verra pas tout ça….

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La Ruta 7 en Argentine est empruntée par les motards du dimanche qui profitent de cette superbe piste dans un environnement hallucinant…
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OLYMPUS DIGITAL CAMERAAvant d’arriver à Mendoza, changement de paysage, nous voilà revenus sur un plateau aride ; le paysage devient tout à coup plus ennuyeux.

Mendoza, « on prendrait bien un petit verre ? »

A Mendoza, nous longeons dans une petite auberge de jeunesse. Nous nous retrouvons dans une immense chambre de type dortoir, tous les deux… 6 lits pour deux, on devrait s’en sortir. Suite à mon dernier malaise, je sens bien que j’ai tiré sur la corde ces derniers jours. Nous allons entamer dans les prochaines semaines des régions à plus de 3000 m d’altitude et des conditions de vie sans doute beaucoup plus folkloriques. Et aujourd’hui, je peux vous assurer que l’on ne s’était pas trompés sur ce point.

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A Mendoza, il fait bon vivre… La vin est bon et bon marché, on mange bien, le soleil brille souvent… Pas grand chose à visiter, mais un bon point de chute pour profiter de la « Buena Onda » argentine.

Un peu de repos semble donc nécessaire. Encore une fois vous allez dire… Et bien oui, même si certains ne l’ont toujours pas compris, je n’ai jamais autant mis à contribution la mécanique que lors de cette année d’inactivité professionnelle. Nous décidons donc de nous remplumer un peu… Et Mendoza est l’endroit tout trouvé. C’est la capitale du vin argentin, des glaces… de la bonne bouffe quoi…

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Ils sont fous ces Argentins… Mettre le vin dans les fontaines… S’il faut écouler, on va aider un peu…

A Mendoza, les touristes affluent pour visiter les différents domaines viticoles situés à la périphérie de la ville. La ville en elle-même n’a pas de grandes attractions à mettre sous la dent des visiteurs. Mais, il y fait bon vivre, c’est indéniable.

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Les rues de platanes à Mendoza permettent aux habitants d’avoir un peu d’ombre dans cette région où le soleil tape souvent très fort
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Quelques bâtiments valent le coup d’oeil 😉

Il faut dire que l’activité viticole permet de rendre la vie moins rude et brutale. Une grande partie des habitants semblent mener grands trains. Rien à voir avec Santiago de Chile ou encore Valparaiso. Ils ont tellement de vin à écouler que l’on en retrouve dans les fontaines de la rue piétonne (coupé à l’eau sans doute ;)).

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A Mendoza, on a décidé de se refaire une petite santé 😉

Nous tenterons bien une randonnée à Mendoza, pour gravir la petite colline de la gloire (le « Cerro de la Gloria » pour les intimes), située à la périphérie de la ville. Au final, nous cavalerons sans gloire dans la ville sans regarder le plan et perdus à force de bavardage, nous déciderons de rebrousser chemin sans gravir cette petite bosse. Pas grave, nous sommes plus venus à Mendoza pour déguster les gourmets du coin, et en plus du vin, une des grands spécialités de l’Argentine : l' »asado ». Ici, c’est une institution et les végétariens n’auront pas grand chose à se mettre sous la dent. En Amérique du Sud, le terme « asado » se réfère non seulement à une grillade en tant que telle mais aussi à l’acte social, à la réunion où l’on mange de la viande (blanche ou rouge) tous ensemble.

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Nous ne le savons pas encore mais nous avons bien eu raison de profiter de cet « asado » à Mendoza. Nous allons devenir peu à peu végétarien par la force des choses dans les semaines à venir…

Avant de partir de Mendoza, je me dis qu’il est temps d’investir dans mon équipement pour boire le maté. Vous rappelez de cette boisson (cf. article sur l’Uruguay). Car je viens de lire que la tradition du maté se perd dès que nous serons remontés vers la Bolivie. Nous choisissons donc d’aller dans un petit marché d’artisanat pour investir. Au Carrefour Market du coin (et oui ils sont partout ceux là), on passera un bon moment pour choisir notre maté…

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Comment choisir le maté ? Il y a un de ces choix à chaque fois 😉
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On a fini par trouver !

« Salta la Linda », autrement dit « Salta la Belle »

Au départ de la gare de Mendoza, nous repartons pour 20 heures de bus… A chaque fois, nous avons une petite appréhension. Aurons-nous le droit à un chauffeur énervé ? A une route tortueuse ? A un problème technique ? Qu’à cela ne tienne, nous ferons ce soir là, l’un de nos trajets les plus tranquilles. Les lacets andins de la Bolivie approchent, mais ce ne sera pas encore pour cette fois-ci…

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C’est reparti pour une nuit de folie…
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On est toujours bien accueillis dans les bus argentin. « Vino blanco o vino tinto ? »

Après une nuit quasiment allongée (et oui en Argentine, les bus sont vraiment confortables), nous avons le droit à notre petit-déjeuner servi par des hôtes et hôtesses toujours aussi souriants. Après ce petit-déjeuner, la compagnie nous proposera de jouer au bingo pour faire passer le temps. Et le gros lot, je vous le donne en mille gagne : une bouteille de vin pardi… Ma voisine de devant sera la grande gagnante… et elle gardera tout pour elle… N’empêche que ce bingo improvisé dans un bus à deux étages nous a bien amusés. D’ailleurs, cela m’a permis aussi de réviser mes chiffres en espagnol… Et puis dans la région, une bouteille de vin tout à fait convenable coûte 2 euros… On n’a pas perdu grand chose.

A notre arrivée à Salta, le météo est grisonnante et humide. De plus, plus on remonte vers le Nord dans cette immense continent sud-américain, plus on ressent la présence d’une histoire. Je m’explique. Il faut rappeler que la vaste la Patagonie sera officiellement partagée entre l’Argentine et le Chili qu’en 1881. Avant cela, cette vaste partie de l’Amérique du Sud était peuplée par des tribus nomades (les Mapuches notamment) qui n’ont pas laissé énormément de vestiges de leur passé. A contrario, l’empire inca lui a laissé une farandole de sites qui rendent toujours autant fous les archéologues et autres férus d’histoire. L’empire incas s’étendait jusqu’au Nord de l’Argentine, dans la région de Salta. Pour rappel, la capitale des Incas, Cuzco se trouve au Pérou.

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Salta a un petit charme… C’est indéniable…

A notre arrivée à Salta, changement d’ambiance. Les visages andins sont plus présents. Nous avons changé de monde. Salta « la linda » possède un joli patrimoine. Son emblème reste la superbe église Saint-François d’Assise. C’est mon saint patron, je me sens tout de suite un peu chez moi…

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L’église Saint-François d’Assise est vraiment l’un des joyaux de la ville

A Salta, le niveau de vie des habitants est toutefois bien différent de celle de la région de Mendoza. En prenant un petit café en terrasse, sur la « Plaza 9 de Julio », nous dénombrons pas moins de 12 petits commerçants ambulants venus nous proposer des services divers et variés (cireurs de chaussures, vendeurs de babioles en tout genre, vendeurs de cigarettes). Clairement, la vie n’est pas simple pour une bonne partie de la population.

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On est bien en Argentine… Un vendeur de télés et la foule profite du match devant la vitrine… Pourtant, il ne s’agissait que d’un simple match amical entre l’Argentine et la Colombie….

Très vite nous trouvons notre cantine. Elle ne se trouve qu’à 50 mètres de notre chambre. Et nous y passerons du temps… Beaucoup de temps, à refaire le monde, à évoquer ce que nous ressentons après bientôt un an de cavalcade.

Deux atouts à notre nouveau point de chute : sa petite terrasse à l’Européenne (il faut dire qu’au Chili, les terrasses ne courent pas les rues, même dans les régions très ensoleillées) et ses prix imbattables. Car depuis plusieurs mois le pesos argentins est en chute libre, de plus les prix sont de fait beaucoup moins élevés dans le Nord de l’argentine qu’en Patagonie. Nous nous retrouvons ainsi à payer un restaurant de standing pour 12 euros à deux environ…

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On est pas bien là…

Après des semaines de sandwich et de « completos », nous nous plaisons à profiter de la « Buena Onda » à petits prix… Dans le menu du midi, les serveurs vous proposent une boisson Made in Coca Cola. Je me rappelle avoir demandé un verre de vin rouge à la place de leur boisson sucré. Les serveurs ont de suite accepté, semblant préférer me servir un bon Malbec argentin plutôt que leurs boissons gazeuses. Il y a tellement de bons vins à écouler par ici, que cela coûte moins cher que le sucre du Coca Cola apparemment. J’adore cette région…

A Salta, nous assistons également à deux nombreuses manifestations qui rythment nos journées. On sent que le climat social est plus tendu par ici. Après pour les manifestations, il y en a pour tous les goûts : de celle des travailleurs, aux anti-avortements, et aux anti gentrification du quartier. En tant que visiteurs j’avais parfois du mal à suivre qui voulait quoi…

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La CGT local, je crois

Cette fois-ci nous ne manquerons la petite ascension du Cerro local. A Salta, il s’agit du Cerro San Bernado.

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On a vu San Bernado

Nous partons un dimanche après-midi, ce qui ressemble à une vrai balade dominicale avec les « Saltais ». La balade n’est pas désagréable et nous dégourdie les jambes après plusieurs jours à vivre de vin rouge.

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La petite balade dominicale. Nous décidons encore une fois de ne pas utiliser le téléphérique… mais nos jambes

Du haut de ma colline, je remarque qu’un match de foot endiablé se prépare dans un quartier de la ville. En se dépêchant, on pourrait peut-être tenter d’y assister. En plus le stade semble se trouver à quelques minutes à pied de notre auberge de jeunesse. En cas de coup dur, nous pourrions se mettre à l’abri rapidement…

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Dans la descente nous ferons attention de ne pas manger les énormes araignées qui se font bronzer au-dessus de nos têtes…

Dans la descente nous discutons avec une grand-mère qui nous explique qu’il ne faut surtout pas mettre les pieds au stade dans ce derby enflammé opposant deux quartiers de la ville. C’est un des match les plus violents de l’année selon elle. J’avoue être un peu déçu, mais elle ne plaisantait pas Mamita »… En descendant, nous sentons la tension dans les rues à en voir les dizaines de fourgons de « CRS » argentin… Bon, Elise me rappelle une dernière fois de ne pas faire le « fou » et nous rentrons dans notre hôtel pour attendre la fin du match.

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On fera un petit stop devant le couvent « San Bernado » pour la peine…

Au final, depuis notre départ de Valparaiso, nous avons plutôt laissé filer le temps à coup de petits cafés en terrasse, de bons verres de vins et de bons petits plats argentins. Il est temps pour nous de nous réactiver un peu au risque de nous ennuyer… Cette pause nous en avions besoin ; il est temps désormais de repartir à l’aventure. La région de Salta est toute trouvée… Mais ça, ce sera pour la prochaine fois !

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Demain, nous quittons notre clocher. Pour cela nous avons loué une voiture…

FD

 

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