Du 02 décembre 2018 au 06 décembre 2018 – Du Roys Peak à la région du Fiorland
Un peu descriptif tout ça…
En écrivant ces trois mois passés en Nouvelle-Zélande, on s’est rendus compte que nos articles étaient parfois un peu descriptifs. Je n’essaie pas de nous chercher des excuses mais je crois que cela s’explique, tout simplement, par ce que nous avons vécu. En Asie, au-delà des jolis panoramas et autres ribambelles de temples, nous avons trouvé le goût de l’imprévu qui s’abattait sur nous à chaque coin de rue, bien aidés par des Asiatiques aussi bienveillants que déroutants.

Cet imprévu a fait de chacune de nos journées asiatiques, un enchaînement d’événements aussi excitants qu’addictifs. En Nouvelle-Zélande, changement de programme, les journées se passent bien souvent comme prévues et bien souvent, seuls les panoramas sont là pour nous émerveiller.

Et c’est déjà beaucoup, me direz-vous. N’empêche qu’au moment d’écrire ces articles, notre plume s’affaire davantage à décrire les beautés d’un pays bien loti plutôt que de divaguer sur des expériences de vie qui nous auraient froissés ou chamboulés. Pour ceux qui aiment cela, attendez nos récits sur l’Amérique du Sud, il y en aura pour tous les goûts !
L’ascension du Roys Peak
N’empêche qu’au matin de quitter notre petit chalet de Makarora, ce sont les agneaux qui ont décidé de changer les plans de notre journée. Il y a une randonnée en Nouvelle-Zélande, qui est vendue comme une marche « immanquable » pour les sportifs, mais qui reste accessible au plus grand nombre : c’est l’ascension du Roys Peak ; 16 km aller-retour pour 1200 m de dénivelé positif ; l’objectif étant de se hisser sur les hauteurs du lac Wanaka pour jouir de panoramas à « couper le souffle » comme aiment bien le dire les guides touristiques. Lisant de nombreux blogs depuis que nous sommes arrivés en Nouvelle-Zélande, j’en retiens que cette randonnée grand public semble devenue plus une procession qu’une marche de communion avec Dame Nature. Je bûche donc un peu pour trouver un autre parcours. Je trouve une randonnée proposant un peu le même dénivelé, mais celle-ci, située à l’autre bout du lac, semble moins courue. C’est ainsi que je me fais une joie de gravir ce Isthmus Peak, en me disant qu’on évitera les foules.

Après plusieurs heures de tractation, j’ai même réussi à convaincre mes deux acolytes de me rejoindre dans cette ascension. En arrivant au pied de notre montagne du jour, pas une voiture, le soleil est radieux ; cela s’annonce bien… Fanny et Elise s’approchent du panneau marquant le départ des hostilités… Celui-ci nous indique qu’en période d’agnelage, la marche est interdite pour ne pas effrayer les petits agneaux… Grrrrr….
C’est ainsi que nous contournons tout le lac pour aller gravir ce fameux Roys Peak… En arrivant au pied de cette montagne, le parking est bondé, et les plus de 200 véhicules présents ne me disent rien qui vaille. J’avoue être un peu chafouin à ce moment-là, mais nous décidons de gravir la star locale, perdu pour perdu…
Elise s’en rappelle encore… et m’en reparle trop souvent… car l’ascension est somme toute faisable, mais une bonne dose d’huile de genoux et de courage sont nécessaires.

Fanny, elle gravira la montagne tel un bouquetin parisien. Plus que de raconter notre ascension, les photos vous montrent toutefois l’intérêt de cette randonnée très spectaculaire.

Je ne vous cache pas que l’affluence m’a un peu gâché le plaisir lorsque pour couronner le tout nous discutions avec un couple français de jeunes mariés se moquant un tantinet soit peu de notre chère Porte Océane… « Ha, vous habitez au Havre… Mince alors… ».

Au soir de cette randonnée quelque peu harassante pour les organismes, nous voilà tous les trois dans notre nouvelle chambre, chez l’habitant ; une française venue habiter si loin de la métropole. Une chambre d’enfants où Fanny jouera les acrobates pour dormir au premier étage de notre lit superposé.

Le soir, nous grignotons un énième Fish and Chips au bord du lac Hawéa et profitons d’un jeu de lumière assez ahurissant sur la route du retour. Je dépose mes deux acolytes logiquement éreintés par la journée dans leur chambre d’enfants, en essayant d’aller capturer quelques photos d’arc en ciel, voire plutôt de « trait en ciel », mais un énorme orage éclate et me contraint de rentrer assez rapidement.

Sur la route de Queenstown
Le lendemain matin, nous faisons un petit tour voir le fameux arbre de « Wanaka ». Je m’en doutais, mais nous avons été servis. Je m’explique. Ce joli arbre, qui pousse à une dizaine de mètres du bord du lac Wanaka est certes ultra photogénique ; si photogénique qu’il est devenu une petite « Tour Eiffel », que des bus remplis de touristes viennent photographier afin de poster la même photo sur les réseaux sociaux. Qui plus est, une marche d’au moins 50 mètres est nécessaire entre le parking et le bord du lac pour le voir.

Ainsi, nous assisterons à un défilé de pseudo-mannequins se faire prendre en photo devant ce pauvre arbre qui aurait déclaré récemment dans la presse : « laissez-moi un peu d’intimité ! ».
Maintenant, nous prenons la direction du lac Wakatipu en direction de Queenstown. Nous empruntons la Cardrona Valley Road, soi-disant la route la plus haute du pays, soit environ 1100 m d’altitude… Les Boliviens qui m’écoutent sont pliés en deux (#oruro)… et nous nous arrêtons pour une traditionnelle pause-café au charmant Cardrona Hôtel ; un des plus vieux hôtel du pays, créé en 1863.
Ainsi, un peu d’histoire dans ce pays qui en manque cruellement nous fait un bien fou. L’arrière-cour me fait penser à un gîte situé en plein cœur du Pays d’Auge Normand. Et nous poursuivons notre route pour arriver sur les hauteurs de Queenstown. Cette « ville de la reine », encore elle, est le fief des sports extrêmes. Nous passerons donc notre route pour ne pas grever notre budget, en passant néanmoins par le petit patelin d’Arrowtowm. Il s’agit d’une ancienne petite ville minière aurifère historique ; celle-ci est devenue davantage un petit parc d’attraction avec peu d’intérêt selon moi.

Un petit paradis du bout du monde – Kinloch
Nous décidons donc de pique-niquer à la sortie de Queenstown avec en toile de fond le superbe lac Wakatipu. Une petite aire d’autoroute bien paisible nous y attend pour manger notre indémodable sandwich tomate-avocat-fromage. Mais tout cela, c’était sans compter sur deux jeunes allemandes bien décidées à défoncer le toit de leur vanne pour obtenir la photo la plus sexy et instragrammable de leur personne. Tout cela était sans compter également sur le bus de Chinoises en délire, qui viendra rendre notre petit spot paradisiaque aussi bouillonnant qu’un jour de célébration sur la place Tiananmen.

Après cette pause sandwich digne d’un sketch, bien qu’Elise et Fanny se soient bien amusées, nous poursuivons notre route vers Glenorchy, à l’extrémité Nord du lac Wakatipu. Et les 70 km qui séparent Queenstown de Glenorchy sont tout simplement, comme dirai-je…, « BEAUX », beaux quand comme dans les films fantastiques. Ainsi, au détour d’un des nombreux lacets, un panorama assez exceptionnel me fait piler sur le bord de la route.

Et oui, c’est dangereux ce pays, il ne précise jamais que le virage d’après peut-être époustouflant… enfin j’arrive à ne plus savoir quel superlatif utiliser. On s’amuse d’ailleurs dans la voiture à faire les blaser, lorsqu’un panorama est légèrement moins « époustouflant» que le précédent…

Ainsi, plus nous nous enfonçons vers le Nord, plus le paysage est saisissant (tiens, je ne l’avais pas utilisé celui-là, « saisissant »). Depuis la cime des montages des murs de cascades coulent le long des parois rocheuses, au sol, des milliers de lupins colorés du rose au violet recouvrent les prairies et sur les poteaux des clôtures des petits oiseaux jaunes, peaufinent le décor…

Cet endroit n’est pas croyable et nous sommes chanceux… Nous nous trouvons sous un ciel bleu dans l’une des régions les plus pluvieuses du monde. Amis Normands, ne croyez pas que nous avons le monopole de la pluie.
Seul ombre au tableau, enfin je dirai « insectes au tableau », les « sandflies » ; les nouveaux amis de Fanny. On les rebaptisera les « Sandyflies » pour apaiser ses douleurs. Car oui, la Nouvelle-Zélande est un pays sans serpents, quasiment sans araignées, sans orgies de moustiques, sans bestioles assoiffées de sang mais, il fallait bien que le tableau ne soit pas si idyllique pour dépayser notre pauvre Fanny, venue de si loin nous tenir compagnie. Car Fanny va vraiment souffrir du terrible effet des « mouches des sables » sur sa peau… La piqure de moustique dure deux-trois jours, les piqures des sandflies durent quasiment un petit mois. Elles sont encore plus démangeantes, vous obligeant à de folles parties de grattage toutes les nuits, créant de jolies plaies pouvant s’infecter ! Huuumm ! Réjouissance de la journée, ces mouches ne véhiculent pas les horribles maladies que l’on a réservé aux pays tropicaux, comme la dengue, la fièvre jaune et toute la clique. Toutefois, Fanny me réveillera bien souvent la nuit malgré elle, en se grattant contre ce mal « made in NZ »…
Mais bon, nous passerons un superbe moment à Kinloch, dans ce bout du monde isolé au fin fond de l’île Sud ; sachant que l’île Sud de la Nouvelle-Zélande, c’est déjà un bout du monde…

Le lendemain de notre arrivée à Kinloch, la fatigue commence à se faire sentir du côté de la gente féminine, qui restera à l’auberge, profitant du cadre splendide proposé par notre gîte au bord du lac. De mon côté, j’opte pour une petite randonnée assez peu courue, semble-t-il, puisque je ne rencontre tout au plus que 5 ou 6 personnes durant toute la journée. Mon objectif de la journée, monter jusqu’au pied du glacier Burn. Un petit parcours de 8-9 km avec 500 m de dénivelé positif environ… Durant la nuit, il y a pas mal plu et cela à son importante puisqu’au bout de 100 m de randonnée, je dois déjà passer à guet une rivière remuante et glacée…

Rappelez-vous de ce passage agité pour la fin de la journée. Je poursuis mon ascension pendant plus de 2 heures, sur un chemin parfois bien humide, mais en profitant d’une faune et d’une flore toujours aussi féeriques.

En chemin, j’apprivoiserai même un oiseau décidé à devenir mon animal de compagnie pour la journée. Au bout du chemin, un énième panorama, fait de cascades en folie et d’un glacier surplombant un superbe cirque, m’attend pour casser la croûte tout seul ; pas un autre randonneur à l’horizon.

Je redescends en espérant que le débit de la rivière, qui m’attend en fin de parcours, me sera plus favorable que le matin. Au final, pas grand changement, sauf que deux Allemands m’observent dans ma galère. Ils se décident quant à eux de longer la rivière. Et bien oui ! Patate !, à 200 m, il y avait un pont, sauf que moi, j’ai suivi bêtement les piquets oranges installés par les gardes forestiers…

Arrivé au parking, je ne me fais pas prier pour déguerpir, les deux Allemands, arrivés bien avant moi, bien évidemment, me regardant avec un sourire en coin… Je ne me voyais pas leur expliquer que j’avais une folle envie de me baigner dans une eau à 2 degrés… C’est ainsi que je retourne à notre hôtel pour expliquer mes choix stratégiques défaillants à Elise et Fanny. Toutes les deux semblent n’avoir pas bougé d’un mètre depuis le petit déjeuner…
En fin d’après-midi, elles se décident tout de même de se déplacer lors d’une petite promenade et j’en profite pour enrichir un peu plus ma collection de photos.

Sincèrement, si vous voulez ne pas vous noyer dans le flux touristique, abandonnez Queenstown et tracez directement vers Kinloch. Un endroit fantastique préservé du tourisme de masse ; et envahi de sandflies…
Attention les yeux, les rétines vont chauffer dans la région du Fiorland
Désormais un gros morceau d’un road trip en Nouvelle-Zélande nous attend. Il s’agit de la visite du Parc National du Fiordland, situé à l’extrémité Sud-Ouest de l’île Sud, l’un des plus vastes parcs nationaux du monde. La région de Fiordland est également l’un des endroits les plus pluvieux au monde avec 300 jours de pluie par an et quelque 7 mètres d’eau. Vous imaginez le tableau…
Nous arrivons à Te Anau, le point de départ de toute excursion pour emprunter la célèbre route qui permet d’accéder au Milford Sounds l’un des panoramas les plus connus du pays. C’est un peu comme si un touriste néo-zélandais venait au Mont-Saint-Michel. Nous sommes plutôt surpris positivement par cette petite bourgade de Te Anau qui semble avoir grossit uniquement par le développement du tourisme.

Nous passons à l’office du tourisme et nous semblons très chanceux, le soleil sera de la partie lors de notre passage. Je ne vous cache pas qu’au départ, j’étais un peu pessimiste sur cette région ultra-touristique ; mais avec un peu de méthode, on peut très bien s’en tirer. Je vous explique…
Pour faire simple, tous les jours des dizaines de bus quittent Te Anau en direction des Milfords Sounds. Une seule route dessert le site et pendant 2 heures, chacun est censé en prendre plein les yeux. Tous les tours opérators partent à 8 heures sonnantes et trébuchantes de Te Anau. Ainsi, tous les visiteurs font des haltes sur cette fantastique route quasiment en même temps et au même endroit. Nous décidons donc de contrecarrer ce programme bien ficelé, en ne s’arrêtant pas le matin et en traçant jusqu’au début d’une randonnée qui n’est pas accessible au plus grand nombre. Bah oui, on n’est pas encore trop vieux, autant en profiter. Il s’agit de la randonnée de lac Marian.

Une balade, enfin je dirai un crapahutage, voire de l’escalade, de 2 bonnes heures nous attend avant d’accéder à ce fabuleux endroit que je vous laisse découvrir ci-dessous.

Notre bouquetin parisien se régalera bien évidemment sur ce parcours accidenté…

A notre retour du lac Marian, la journée est déjà bien entamée et c’est là que nous décidons de finir notre route jusqu’au Milford Sound. Les 40 dernières minutes de route sont époustouflantes, saisissantes et tout ce que vous voulez… En gros, ça kiffe grave dans la voiture !

Des parois rocheuses noirâtres, effrayantes, baignées par des dizaines de cascades, se dressent sur notre route. Ce type de panorama est très nouveau pour nous, même si les spécialistes des pays nordiques ont dû déjà profiter d’un tel spectacle. J’avoue avoir du mal à poser sur le papier ce que ce paysage m’a procuré comme sensation. J’avais envie que l’on s’arrête à chaque virage.

Arrivés au Milford Sound, le gros du flot touristique est passé et c’est sous un grand soleil que nous profitons du site quasiment seul.

Il est de coutume de faire une croisière arrivée au Milford Sound. Mais nous en avons déjà pris plein les mirettes et nous nous sentons si privilégiés d’être là, que nous ne souhaitons pas déranger la faune par une croisière bruyante.

Car, je ne vous cache pas qu’en plus des dizaines de bateaux de croisières, le site est survolé en permanence par des petits avions qui malheureusement me rappellent les dizaines de survols d’hélicoptères sur les glaciers que nous avons décrits dans notre précédent article.

En quelques jours sur l’île Sud, nous n’avons pas arrêté d’être ébahis par la beauté de cette île. Au matin de quitter Te Anau, la fatigue commence à se faire réellement ressentir. Nous venons de prendre une dose de paysages si violente, en si peu de temps, qu’on en deviendrait blasés. En y repensant, l’homme est parfois compliqué…

De Te Anau, nous décidons donc de poursuivre notre périple sur la côte Sud de l’île Sud, je ne vous explique même plus à quel point on sera au Sud dans cette histoire… Mais cela, c’est pour une prochaine fois…

FD
Top ces photos ! Belle plume encore une fois.. on s’y projette !
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