Du 03 septembre au 05 septembre 2018.
Quand vous arrivez sur l’île de Java, tous les baroudeurs en herbe n’ont qu’un seul mot à la bouche : « alors, vous allez quand au Bromo ? » J’avoue que plus le temps passe plus on aime arriver dans un pays sans préparation, sans guide, en nous disant que le lendemain saura bien nous réserver son lot de surprises… A force d’entendre parler de ce volcan, nous avons donc décidé d’y aller et je dois dire que nous n’avons pas été déçus…
De Malang pour aller jusqu’au volcan, le cousin d’Elise nous prévient : « c’est long et pénible… ». Alors nous nous intéressons à la possibilité d’y aller en voiture en essayant de mutualiser la course avec d’autres voyageurs… Et ce sera véritablement la bonne affaire, vous allez comprendre pourquoi…
De Malang jusqu’au petit village de Cemoro Lawang (point de départ de la randonnée qui permet d’accéder au volcan), à vol d’oiseau, cela semble être une formalité. Pourtant, le trajet a décidé de durer… si longtemps que les derniers mètres nous les avons fini en courant dernière notre voiture qui devait être allégée si nous comptions arriver au village. Cela doit être courant, puisqu’un habitant voyant notre voiture fondre ses pneus sur la route arriva en quelques secondes avec des briques à la main pour permettre à notre chauffeur de repartir… Le temps pour nous de faire un petit sprint sur une pente digne de l’Alpe d’Huez et d’arriver quelques minutes plus tard à bon port.
A Cemoro Lawang, changement de climat… Clairement il « meule ». Depuis plusieurs semaines, nous avions délaissé notre petite laine dans les méandres de notre sac à dos, mais là on est bien content de ne pas l’avoir abandonnée en cours de route. Notre petit hôtel est somme toute assez spartiate : eau froide pour tout le monde quand il gèle quasiment la nuit… Ça nous rafraîchit bien après des semaines de chaleur…

Le petit village de Cemoro Lawang est magnifique, entouré de montagnes splendides et de dizaines d’hectares de champs d’oignons. Toutefois les gens sont beaucoup plus renfermés ici… Après notre passage à Malang (cf. article précédent), cela nous glace un peu plus…
En soirée, nous allons un peu investiguer les lieux et observons l’immense mer de cendre au sein de laquelle se trouve le volcan Bromo (à gauche) et son frère le mont Batok, le cône parfait (à droite). Au sein de cette immense caldeira, toute la journée, se forme des dizaines petites tornades… Le spectacle est saisissant…

Le tourisme s’est clairement développé dans le secteur. Toutefois, le touriste moderne ayant toujours de plus en plus de mal à se faire du mal pour aller observer ce que dame nature à de plus merveilleux à lui offrir, les trois-quart des touristes observent le site en 4×4… Pfff…
Des étoiles, des cafés et une belle rencontre…
Avec Elise et Xavi, nous convenons de partir à pied sur les hauteurs de la caldeira et de ne pas s’accomoder d’un 4×4 ou autre. De plus, il est coutume d’observer le site au levé du soleil… Mais il se lève très tôt le soleil à Java… Ainsi, vers 3 heures du matin, nous entendons une armada de gros 4X4 passer au pied de notre hôtel. Tout cela me dit rien qui vaille. Cela risque d’être le Jour le Plus Long !
Malheureusement Elise est un peu souffrante et déclare forfait. Me voilà donc parti avec Xavi et ma lampe torche. Il est 3h45 tapante.
Xavi me fait remarquer que le ciel est tellement étoilé, qu’il est préférable d’éteindre nos torches. Nos yeux se sont en effet habitués rapidement à l’obscurité. Les 4×4 empruntent pas notre chemin : »Ouf ». Pendant une heure, nous marchons seuls dans la montagne pour rallier le point de vue qui nous permettra d’observer le levé du soleil sur la caldeira. Petit à petit, nous retrouvons d’autres observateurs. Puis je me retourne dans un virage et là le soleil se lève, le ciel s’embrasse littéralement et Xavi s’exclame en catalan du style « qué sé pas croyable ! » (je sais c’est cliché, mais je ne me rappelle plus son expression fétiche…). En chemin, Xavi s’extasie toujours avec ses petites expressions catalanes et cela rend ce moment encore plus intenses.

Chaque minute passant, les couleurs changent… On voudrait que le soleil arrête sa course. En arrière plan, l’immense volcan actif Semeru est de la partie, pour me donner l’un des plus beaux panoramas de ma vie (n’ayons pas peur des mots).
Derrière moi, j’entends un couple de français frigorifié et la femme qui se plaint qu’il fait trop froid. Mais moi je ne pose pas ces questions… Le spectacle est époustouflant. Le clou du spectacle, Xavi me paie même un petit café devant ce spectacle magnifique.

Car, tous les matins les marcheurs sont de sortis et certains locaux aménagent des petites buvettes chaque jour sur le bord des chemins qui mènent au point de vue.

Une fois le soleil levé, on décide de monter encore un peu plus haut…

Xavi se moque de moi, car tous les trois mètres, j’ai l’impression que la vue est encore plus belle que la précédente… Je fais fumer mon appareil photo. Et puis, Xavi prend une photo aussi… Il n’en revient pas de ce que l’on a vu et moi non plus…

Arrivé 8h00 environ le soleil est bien levé. Xavi me noie dans un nouveau café car nous n’avons pas envie de descendre, alors que tous les autres marcheurs sont déjà repartis. Mais le vent se lève joliment et nous sommes à plus de 2000 m…

Dans la descente, nous avons une bonne discussion sur la notion de « voyage », car Xavi a pas mal baroudé dans sa vie. Mais je vais garder ce moment pour moi… Je rentre à l’auberge pour voir si Elise va mieux et Xavi reprend déjà un bus pour rejoindre Bali.
Une après-midi sur la Lune…
Elise étant toujours un peu souffrante, je décide donc d’aller voir le cratère du volcan seul. Depuis le petit village, plusieurs solutions s’offrent à vous : louer un 4×4, une moto, un cheval ou rester abonné à vos chaussures de randonnée. Pour moi, c’est une évidence, ce sera une traversé de la caldeira à pied.
Attention, pour accéder à la caldeira vous devez normalement vous acquitter d’une taxe d’environ 20 euros. Sauf que la caldeira étant tellement immense, plusieurs chemins sans contrôle vous permettent d’y accéder… Hou le gangster… Il s’avère que tous les Européens se sont donnés le mot sur de nombreux blogs… En prenant un chemin de traverse (accès dans la cour du restaurant Cemara Indah), je dévale donc, à toute berzingue, les pans de la caldeira dans une immense couche de cendres…

Ni vu ni connu, me voici dans cette immense mer de cendres

Après une petite heure de marche dans la cendre, me voilà arrivé au pied du Bromo, le paysage est lunaire. La vie semble avoir déclaré forfait à part les quelques mouches qui s’amusent sur les bouses de chevaux.
Je m’approche, un dernier escalier me sépare du cratère, que j’ai eu la bonne idée de ne pas regarder en photo (un conseil pour vos prochains voyages, arrêtez de vous « spoiler », foncez et vous verrez bien).

Dans l’escalier, seule une petite brise me caresse les tympans, plus que quelques marches et là j’entends comme un réacteur d’avion qui gronde. Le paysage est stupéfiant… Potentiellement, il est possible de faire un bonne partie du tour du cratère à pied. Niveau sécurité, c’est très moyen… Je décide d’avancer quelque peu et me voilà seul assis au bord du cratère. J’enlève mon masque quelques instants…

Bon je ne vais pas rester là dans les fumées toxiques (je pense) et en plein soleil, je repars, je reviens, je n’arrive pas à quitter ce superbe spectacle.

Je m’élance dans la descente, mais le spectacle n’est pas fini. En bas des dizaines de lycéens indonésiens viennent d’arriver pour venir voir l’un des joyaux de leur beau pays.. Un premier groupe me demande un selfie, puis deux puis trois… Oui, mais c’est fini oui 🙂
Après avoir eu une bonne dose de « bonne humeur » pour la semaine, je finis par rentrer avec une nouvelle traversée et ascension de la caldeira et je dois dire que je commence à fatiguer. Je suis levé depuis 3 heures du matin quand même…

En rentrant dans notre auberge, Elise semble aller mieux. Et je la noie de tout ce que j’ai vu.
Le soir, en mangeant, je me dois encore de dégainer mon appareil photo… On ne peut vraiment pas être tranquille… Je vous laisse comprendre pourquoi, ci-après 😉

Ce fût donc le Jour le Plus Long ! 3h – 23h ! Mais une des plus belles expéditions de ma jeune carrière de Tourdumondiste !
Après une bonne nuit, il nous faut désormais redescendre de notre montagne et moi de mon petit nuage. C’est assez simple, au seul carrefour du village, il nous suffit de prendre la petite navette.

Toutefois, elle part que lorsqu’elle est pleine. Mais pleine, pleine… C’est à dire quand des gens sont grimpés sur le toit avec les bagages et que des locaux se tiennent sur la petite échelle latérale. Pour rappel, nous sommes à 2000 m d’altitude et nous allons à la gare de Probolinggo qui est quasiment au niveau de la mer… J’observe que tous les intérieurs de la navette ont été enlevés pour alléger au maximum notre monture…
Toutefois en attendant que notre navette se remplisse avant son départ, voilà que nous entendons au loin des champs militaires… Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ? On n’est pas parti..

Des dizaines de soldats viennent vraisemblablement de se faire un petit dénivelé de +2000 mètres en guise d’entrainement. Le défilé dure plusieurs minutes et tous ces jeunes gens entonnent des chants qui nous prennent vraiment aux tripes… Les derniers semblent mal en point. La voiture balai vient de passer… Le spectacle est terminé…

C’est parti, la navette est pleine, il nous faut désormais rallier Bali… Un nouveau colis nous y attend.

Article dédicacé à Miha, Antoine et bien entendu Xavi
FD
Merci pour cet article, que je viens de lire et relire … tes photos sont magnifiques, mais c’est du spoil aussi 😉 en tout cas j’ai envie d’acheter mes billets pour l’Indonésie ! Le coté selfies avec les locaux m’intéresse moins par contre…
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Ah, les liens avec les habitants, c’est sans doute ce qui fait de l’Indonésie mon pays coup de cœur…
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