Du 1er au 4 octobre 2018.
Parce que l’on n’est pas là (#pourenfilerdesperles) pour vous faire croire qu’un Tour du monde, ce n’est que du bonheur, il est temps que l’on passe aux choses sérieuses ! Avec le recul, j’ai un tout autre avis sur l’Australie et ce passage du voyage que vous vous apprêtez à découvrir… Et en regardant les photos, je me dis que l’Australie aura été une sacrée aventure ! Mais ce pays « occidentalisé » nous a demandé bizarrement un certain moment d’adaptation… Et bien oui, après 5 mois en Asie, nous étions acclimatés au désordre, au bruit et autres klaxonnes… L’Australie, c’est comme qui dirait tout l’inverse…

Petit cours de géographie !
Ah j’oubliais, pour votre culture générale et pour la compréhension de ce qui va suivre, il faut un petit cours de géographie. Je suis désolé… L’Australie est découpée en six Etats (il y a d’autres nuances mais je vous laisse chercher si le cœur vous en dit), partageant grossièrement la partie continentale en 6 parts. Le Queensland, en haut à droite selon les termes d’Elise, est le deuxième plus vaste du pays, certes, mais est surtout trois fois plus vaste que la superficie de la France métropolitaine. Cela vous donne un petit aperçu des distances sachant que Sydney se trouve dans l’Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud que nous traverserons également de part en part sur la fin de notre parcours…

C’est parti pour une longue descendante vers Sydney !
Notre visite du Nord du Queensland a été un grand coup de cœur (cf. article précédent – Episode 1). Mais au matin de quitter Cap Tribulation, je ne vous cache pas qu’après notre marathon de 5 mois en Asie, accompagné de 5 mois de riz revisité à toutes les sauces, les organismes sont quelque peu éreintés.
L’apprentissage de la conduite à l’anglaise s’est fait très naturellement, (à part l’épisode du rétroviseur) mais en Australie les distances sont passablement harassantes… Les lignes droites ressemblent parfois à un mauvais rêve où l’on avance sans jamais avancer, où les carcasses de kangourous sur le bord de la route vous sont familières et où les camions, qui font la guerre à votre rétroviseur, vous occupent une bonne partie de la journée.

Mais nous sommes partis bien au Nord et sans regret d’ailleurs… Il est temps de commencer à entamer gentillement notre descente vers le Sud et Sydney.
Une journée type…
En partant de Cap Tribulation, nous faisons un premier stop aux gorges de Moosman, l’histoire de ne pas faire que rouler une journée entière. Ce site est vendu par les guides comme étant « l’attraction à faire » ! Le parking se trouve à près de 3 kilomètres du site et une petite navette emmène les visiteurs jusqu’aux gorges. Coût de l’opération : environ 10 euros la navette par personne. Alors c’est à pied que nous décidons d’aller voir ces fameuses gorges… qui n’auront rien de bien exceptionnelles en réalité.

Certes la balade à pied nous permet de prendre conscience de l’immensité des champs de canne à sucre du Queensland… Mais nous repartons assez déçus de ce site soit disant « à faire ».

Alors pourquoi en parler de ces gorges ? Ce n’est pas très intéressant pour vous d’apprendre que nous avons visité un site pas très intéressant pour nous… Mais ces gorges de Moosman nous ont permis de commencer à comprendre qu’ils nous faudrait plus d’ingéniosité pour apprécier notre périple ; qu’en Australie, le business c’est le business et que bien souvent tout est bon pour vous faire payer une visite alors que le pays regorge de choses inoubliables à voir gratuitement. C’est un peu comme si on vous faisait payer l’entrée aux falaises de Fécamp alors que celle d’Yport était gratuite… Vous voyez un peu l’idée ? Mais après quelques erreurs de ce type, nous mettrons nos guides aux placards (nous en avons plein dans le van) et utiliserons notre flair autant que possible. Notre amour pour ce pays ira ainsi crescendo jusqu’à Sydney !
Et c’est reparti ! En route, nous nous arrêtons sur une petite aire au bord de la route pour casser la croûte… Le ciel est rosé voire orangé en plein milieu de l’après-midi ; une ambiance de fin du monde qui ne nous dit rien de bon !
Les incendies semblent faire rage dans la région et petit à petit nous nous rendrons compte que ce sont des régions entières qui sont parties en fumée (et qui continuent d’ailleurs). Et quand je dis « région », je parle de forêts en cendre sur près de 40 kilomètres de route. Un Le Havre-Yvetot en cendre ! Pendant quelques minutes, nous espérons ne pas être en train de nous enfoncer au cœur d’un traquenard à 1000 degrés… Au fil de l’après-midi, en direction de la ville de Mareeba, l’ambiance tropicale du Nord du Queensland a laissé place à un environnement rougeâtre, aride où les paysages incendiés semblent faire partie du spectacle, ainsi que ces énormes termitières que vous pouvez compter par centaines sur les bords de la route.

Le lac Tinaroo, nouvelle ambiance…
A la fin de cette longue journée, nous arrivons à notre camping situé dans la petite ville de Yungaburra ; j’ai l’impression d’avoir vécu trois journées en une (impression récurrente en voyage). Des paysages tropicaux de Cap Tribulation, nous sommes passés par l’ambiance « farwest » de Mareeba pour se retrouver sur le plateau d’Atherton, au bord de ce lac, aux reflets normands et au climat bien frisquet… ; drôle de journée, idéale pour attraper un petit coup de froid.

Ce lac est le paradis des oiseaux et notre camping se trouve à quelques mètres seulement.
Ainsi, je passerai une bonne heure avec mes jumelles à regarder les décollages et atterrissages de tout ce petit monde en profitant d’un superbe coucher de soleil…

Lors de cette heure de méditation devant dame nature, je ferai une déduction assez tragique sur le patrimoine faunistique de l’Asie… IL N’Y A PLUS OU PEU D’OISEAUX EN ASIE !

Mais depuis notre arrivés sur le lac Tinaroo, je ressens une fatigue physique que je n’avais jamais encore connu depuis notre départ… N’ayons pas peur d’employer les grands mots. En voyage, la fatigue est sans doute votre pire ennemi. Car, vous pouvez vous retrouver devant un splendide coucher de soleil à l’autre bout de la planète en vous demandant ce que vous faites là.
Ne nous voilons pas la face, que ce soit les réseaux sociaux, les cartes postales et autres, nous vous envoyons les meilleures ondes et gardons les mauvaises pour quelques bonnes âmes qui se reconnaîtront. Mais un voyage sur le long terme n’a rien à voir avec trois semaines de vacances à Arcachon. Un vaste sujet que nous ne manquerons pas de détailler plus tard.

Le lendemain matin, à peine sortis du camping avec notre van, nous nous arrêtons au village de Yungaburra et faisons la découverte du petit saloon local pour prendre un café : « en intraveineuse s’il vous plaît ! »

Et ce moment deviendra notre petit moment privilégié tous les matins à la recherche de notre premier saloon, en compagnie des locaux en train d’avaler leur énorme petit déjeuner à coup de tranches de bacon et d’œufs Bénédicte. Les cuisiniers et cuisinières en herbe, sortez vos livres de cuisine 😉
En Australie, soyons clair, vous avez beau passer d’un village à un autre, ils se ressemblent tous, de façon oppressante parfois : une rue, des places de parking à qui mieux mieux, un monument aux morts et quelques commerces façon « farwest » moderne. Ces villes de grande solitude sont charmantes le temps d’un café, mais le coup de foudre ne durera jamais plus que le temps d’un jus de chaussette.

Après ce petit café, c’est donc parti pour la visite des alentours. Nous décidons de commencer la journée en allant voir un figuier étrangleur de plus de 500 ans !

Je vous ai même mis la notice de cet arbre parasite qui forme aujourd’hui un rideau de racines aériennes mesurant près de 15 mètres de haut !

Nous poussons notre route jusqu’au lac Eacham, afin de faire une petite randonnée en vue de faire le tour de ce lac volcanique situé dans le Parc national des Lacs de cratères. Clairement tous les Australiens préfèrent la baignade et nous sommes les seuls à entamer le tour du lac en mode randonnée…

Y-aurait il un loup…? Pour le moment, je ne vois qu’un superbe pélican australien se faire sécher au milieu du cratère sur un rondin de bois…

Au fil de la promenade, nous admirons la démesure des arbres… S’il y a bien un mot qui peut résumer ce pays, c’est bien celui-là. Nous marchons d’un bon pas en refaisant le monde de bon matin comme nous savons le faire.

Et là, au détour du chemin, alors que je marche à 2 mètres derrière Elise, une forme noire de 1,5 à 2 mètres de long de type « serpent » détalle entre nous deux… Nous voilà partis à toute allure chacun de notre côté…
Je pense qu’une petite vidéo de cet instant aurait pu faire son petit buzz sur la toile (traduction pour mes grands mères : faire son petit effet sur internet)… J’ai ainsi pu réveiller ma phobie pour les serpents car c’est la première fois de ma vie que j’étais confronté à pareil situation. Complètement tétanisé, je mets quelques minutes à m’en remettre. Quelques mètres plus loin, ce panneau indiquait les caractéristiques de notre serpent farceur :
Nous finissons la randonnée en parlant fort et tapant des pieds ! On jouera aux aventuriers un autre jour. Notre loup était donc ce serpent ; et voilà comment on a commencé à comprendre le caractère hostile de la faune australienne… J’ai bien dit commencé…

L’après-midi, nous nous lançons dans le tour en van du lac Tinaroo. Au début du parcours, un ranger nous dit d’être prudent, mais en van c’est tout à fait possible… 70 km, une route en gravier qui contourne le lac, que je trouve tellement envoûtant depuis le camping, la balade s’annonce tout à fait sympathique. Et voilà comment s’engager bêtement dans une après-midi galère. Ce lac n’a rien d’une flaque et la route s’avère complètement défoncée.
En van, tout notre bardage s’affole, les assiettes commencent à jouer avec les verres et à chaque virage nous avons comme l’impression de perdre quelques pièces de notre monture. Croyant que la situation s’arrangerait nous continuons, mais en fait rien ne s’arrangera et nous voilà parti pour 3 heures à zigzager avec les ornières en priant que nos pneus ne nous lâchent pas au beau milieu du royaume des serpents. Oui, la phobie peut rendre les choses plus compliquées qu’elles ne le sont. Car nous sommes prêts du lac mais nous ne voyons pas grand chose pendant une bonne partie du temps…

Que retirer de cette journée ? C’est que le van nous pousse à vouloir faire et voir trop de choses… Attention, la fatigue nous guette…
Hou les valoches…
Le lendemain, direction Innisfail. Nous faisons quelques haltes pour observer les nombreuses cascades de la région.

La cascade de Milaa Milaa fut notre petit coup de cœur de la journée.

Mais arrivés à Innisfail, la ville des crocodiles, j’en ai clairement un peu plein les bottes. Cette petite bourgade n’a pas grand chose pour nous attarder plus qu’un déjeuner sur le pouce.

Et oui, c’est chouette l’Australie mais combien d’heures de route sont-elles nécessaires pour accéder à un site… On va faire que ça ? Rouler, rouler, s’arrêter, prendre une photo, repartir ? Et les Australiens ? On les voit quand ? ……………..
Vous la reconnaissez ? C’est la fatigue qui vous parle ! La fatigue que je vous ai décrite précédemment. Et bien là voilà ! Et si je la décris ainsi, c’est qu’au bout de neuf mois de voyage j’ai appris à la reconnaître de mieux en mieux. C’est celle qui vous empêche de vivre le moment présent. C’est celle qui vous contredit sans cesse, jusqu’à vous gâcher ce morceau de vie tant désiré…
Allons à la plage ! Elle doit être à la sortie de la ville… Et nous sommes reparti, en fait, pour 60 km en fait, poursuivis par quelques camions qui ne vous lâchent pas d’un mètre à la sortie de chaque virage. Il faudra s’y faire ! En Australie quand la plage semble située à la sortie de la ville, c’est une petite heure de route qui vous attend. Et ces distances seront une vraie cause de ma fatigue en ce début de road trip australien.

Arrivés à Wongaling Beach, j’ai vraiment l’impression d’être au bout de mes forces. Je me suis battu avec un camion qui ne me lâchait pas toute la route et clairement j’ai l’impression de passer mes journées à conduire… Je crois que je suis nostalgique de l’Asie à ce moment là ! J’ai le mal du pays, mais pas de la France, de l’Asie… Sentiment assez inattendu que je n’arrive pas à m’expliquer… Alors nous repartons de cette plage à crocodiles et je me dit qu’une bonne nuit de sommeil et le moral reviendra.
Les routiers australiens, et la lumière fût !
Le soir, nous décidons de dormir dans un camping gratuit, au Feluga Hôtel. Attention, ce lieu c’est tout un programme !

Pour la suite, sachez qu’en Australie, en plus des campings traditionnels version « Les flots bleus, on n’attend pas Patrick ! « , certains restaurants, souvent des petits routiers aux abords de la « Bruce Highway » (axe principal) qui longe toute la côte est australienne, mettent à disposition un terrain gratuit en l’échange d’une petite consommation. En gros, cela revient à dormir sur un emplacement gratuitement (bon sans les sanitaires), en l’échange vous vous devez de prendre une petite bière au comptoir… Ah non, alors !
Ah oui en fait… Car ce soir nous fêtons nos 5 mois de voyage et surtout la naissance de notre petite nièce Emma !
C’est ainsi que nous passons la soirée au Feluga Hôtel dans une ambiance digne d’une série américaine… Je me rappelle notamment de cet ouvrier au comptoir qui ressemblait encore plus à Clint Eastwood que Clint Eastwood lui-même. C’est pour vous dire. Le moral est revenu ! Toute la journée, j’ai bougonné et il a suffit enfin de rencontrer les Australiens du fin fond de l’Australie dans un repère de pirates du Queensland pour me remettre en selle. Nous en profitons pour commander notre premier steak frites depuis… Je me retrouve ainsi avec un plat démesuré à l’image de ce pays.
Derrière le comptoir la maîtresse des lieux anime son auditoire tout en s’assurant que personne ne prenne le verre de trop !
Il est temps d’aller se coucher, une nouvelle nuit au bord de la « Bruce higyway » et de la voie ferrée nous attend. Nous ne faisons pas de vieux os car demain la route ! (#jpcestcadeau) Ce petit arrêt avec les cowboys du Feluga Hôtel m’a remis en selle !

FD
Bravo les aventuriers!
À très bientôt j’espère!Gros bisous!
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