Du 14 novembre au 18 novembre 2019.
Au matin de partir de Wellington, j’ai hâte… Hâte de découvrir ce pays qui m’intrigue tant depuis toujours… Déjà Wellington a été pour moi une énorme bouffée d’oxygène. C’est comme si on était à la maison, comme si on se retrouvait dans une ville tant rêvée à l’autre bout du monde…

Au bout de deux jours, je recherchais déjà, pour simple information, les modalités à remplir pour venir vivre sur la terre du milieu… Quel est la procédure pour devenir un Kiwi ? Je ne vais pas disserter là-dessus, ne vous inquiétez pas.
Pour rappel, les Kiwis, c’est le petit surnom des Néo-Zélandais, qui vient de ce petit oiseau sans ailes qui vit uniquement en Nouvelle-Zélande et que pas grand monde n’a vu à l’état sauvage… Ce dernier, en voie de disparition, ne sortant que la nuit, se fait désirer de nombreuses heures pour celui qui espère le trouver à la lampe torche.

Pour le fruit, oui on en produit également dans le coin et on en mange des quantités… et je peux vous dire qu’on en a profité. Mais pour la petite histoire, ce n’est qu’en 1959, que la groseille de Chine reçue ce nom de « kiwi ». Et bien oui, en période de Guerre Froide, l’appellation « groseille de Chine » n’était plus la bienvenue… Mais la Nouvelle-Zélande reste le troisième producteur de ce petit fruit si valorisé pour notre santé, derrière la Chine et l’Italie. Franchement vous pouvez ressortir l’anecdote lors d’un repas de famille, ça en jette ! Vous ne trouvez pas ?
On the road again...
Alors en attendant notre amie Fanny qui doit débarquer à Auckland dans 2 semaines, nous décidons de faire un premier round dans l’île Nord….

Petit rappel géographique pour bien suivre le déroulement des opérations : la Nouvelle-Zélande est composée de deux îles principales (je passe les petits cailloux disséminés un peu partout dans le Pacifique principalement et l’île Steawart située au Sud de l’île Sud…). L’île Nord, la plus petite, mais la plus habitée, où l’on retrouve Wellington la capitale, au Sud, et Auckland, la capitale économique, au Nord. L’île Nord est également connue pour son activité volcanique et l’empreinte de sa culture maori encore très marquée. L’île Sud, elle, est plus connue pour ses paysages ; mais ça je vous en reparlerai plus tard. La carte, ci-après devrait vous permettre de vous y retrouver. Merci qui ?
C’est donc parti pour trois mois à faire fumer l’appareil photo… Ainsi, nous voilà en route pour un premier stop jusqu’à Palmerston North… Grosse bourgade du centre de l’île Nord, qui nous ne le savons pas encore, nous réservera de bonnes surprises grâce à Denise… Mais cela, c’est pour une prochaine fois… Pour le moment, Elise nous a dégoté un motel dans le pure style américain (#lafilledumotel)…

Nous roulons pas mal en ce premier jour de roadtrip ; mais au soir de cette première journée, je suis un peu déçu des paysages. Nous avons passé beaucoup de temps sur la route, sans voir grand chose… Mais qu’on se rassure, cela restera peut-être l’une des journées les moins enthousiasmantes de nos trois prochains mois.

Patience, il est là !
Le lendemain, direction Opunake. Cette petite bourgade est située au Sud du volcan Taranaki (cf. carte). Ce volcan énerve ces voisins volcans, car il est beau (#volcanblond)… Il est symétrique autant que possible, il a une superbe cap blanche une bonne partie de l’année, à l’instar de son concurrent numéro 1 au Japon, le Mont Fuji. Nous longeons donc le Sud de la péninsule, où il est censé trôner, et nous avons beau nous approcher « M. Cône parfait » s’est caché dans les nuages. Impossible d’imaginer que l’un des plus beau volcan de la planète se cache ici devant nous.
J’avais lu sur des blogs que certains voyageurs n’avaient pas eu la chance de l’observer lors de leur passage. Alors en attendant, nous tentons de rouler dans sa direction, en attendant des heures meilleures et nous randonnons en direction des Dawson Falls (Mémé, je ne te traduis plus, ces mots d’Anglais doivent te sembler familiers maintenant).

Nous faisons connaissance avec les fougères et nous comprenons pourquoi les All Blacks arborent cette insigne sur leurs maillots.

En fin d’après-midi, nous allons rejoindre notre Airnb, à Opunake, chez Suzan et son fils. Je lui demande : « ça se passe comment pour le volcan ? On est vraiment malchanceux… » « Attendez quelques minutes, il va apparaître… » Au moment où le fils prononce cela, le cratère de notre star locale se dévoile comme par magie… En fin d’après midi, la fraîche arrivant, le couvert nuageux se tasse miraculeusement vers le sol et le Taranaki se déshabilla ainsi jusqu’au coucher de soleil… Époustouflant !


Elise est un peu fatiguée, je décide d’aller voir le spectacle d’un peu plus près jusqu’à la nuit tombée. Et c’est assis sur mon capot que je regarde les jeux de lumières qui s’abattent sur ce joyau…

Un Kiwi (je parle de l’habitant) avec son énorme pick-up me croise en me faisant un petit geste du style : « profites bien mon gars ! ». Et je repars tout content de ce superbe spectacle ; conscient d’avoir été chanceux au vu du coucher de soleil proposé par Dame Nature.
Une première randonnée en guise de mise en jambes…
Le lendemain matin, notre hôte, Suzan, nous a gâtés pour le petit déjeuner, nous proposant un menu gargantuesque à base notamment de croissants au jambon… Nous sommes obligés de la freiner pour limiter l’ampleur du festin. Nous avons dormi qu’une nuit à Opunake, mais Suzan nous prendra par le cou pour nous dire au revoir… Bienvenu au pays des Kiwis ! Ça va durer trois mois…
Le matin, Suzan nous propose de faire la petite randonnée qui longe la côte au niveau d’Opunake, 7 kilomètres, assez facile qui nous demande de passer par dessus quelques clôtures.
Et oui, en Nouvelle-Zélande, il n’y a pas forcément de « chemin public » bien délimité ; mais vous devez passer en plein cœur des parcelles agricoles en suivant de petites balises oranges. Je m’imagine mes chevauchées dans les plaines de Seine-Maritime à la recherche des marnières, où j’essayais d’éviter l’accueil musclé d’un agriculteur trop capricieux et assez à cheval sur la notion de « droit de propriété ». Bienvenu à l’autre bout du monde !

D’un côté, la Mer de Tasman (un peu de géographie, ça ne fait pas de mal) et de l’autre le volcan Taranaki en train de se réveiller… Cette randonnée, sans la moindre présence humaine est une bonne entrée en matière pour nous. Une première marche qui en annonce une sacrée flopée…

L’après-midi, après une dernière petite balade dans Opunake ; bon en fait, c’est simplement une rue, comme bon nombre de bourgades en Nouvelle-Zélande, nous reprenons la route ; direction New Plymouth !

Avant cela, je m’interroge sur la possibilité de gravir la bête… Nous sommes au printemps, et selon l’office du tourisme, il me faudrait attendre la fin de l’été pour envisager une telle excursion ; à moins d’être un alpiniste chevronné. Ce sera peut-être pour une prochaine fois…

Et c’est reparti, nous arpentons toutes les routes qui contournent le Sud du Taranaki pour profiter de la majesté du lieu et voguons tranquillement jusqu’au phare Egmont, à l’extrémité Ouest de la péninsule…

Arrivés au pied du phare Egmont, nous profitions de la douceur d’une fin d’après-midi ensoleillée et d’une petite brise du bout du monde, lorsque qu’Elise me fait remarquer un sac suspect dans les rochers…

Le sac est plein de « morceaux de peau-viande » en putréfaction…. Il est envahi par une armée de vers en délire et plus je m’approche plus l’odeur m’incommode au plus haut point… « Tu penses à ce que je pense ? »… Non mais quand même… A ce moment, Elise trouve 20 dollars à ses pieds… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Après concertation, le sac semble plutôt à un animal de compagnie en train de partir en poussières… Après concertation, nous partons avec ce doute… Aurions nous dû appeler la maréchaussée ? Et si ce n’était rien, ils n’auraient peut-être pas apprécié la blague… Le voyage vous met devant certains dilemmes parfois…
Le soir, nous dormons à New Plymouth, au Nord de la péninsule, avec toujours le Taranaki en train de pavaner depuis la fenêtre de notre chambre.

Le coup de cœur de la Forgotten World Highway
La région du volcan Taranaki (et de la Forgotten World Highway) a beau être l’un des plus beaux endroits du pays, il reste en dehors des routes touristiques, et cela explique peut-être pourquoi nous avons eu un vrai coup de cœur pour ce qui va suivre. Je m’explique… La plupart des touristes viennent trois semaines en Nouvelle-Zélande et semble ingurgiter un maximum de paysages au risque de perdre la vue et le sens du voyage… Ainsi, pas une minute à perdre, et les voilà tous embarqués sur la même route en voguant en trois semaines au quatre coins du pays tout en passant à côté de moments exceptionnels et en s’entassant tous sur le même parcours. Je rappelle que la Nouvelle-Zélande, c’est aussi vaste que le France. Il est gentil le gars, il a passé trois mois en Nouvelle-Zélande et il reproche aux touristes d’avoir la bougeotte une fois atterris à Auckland… Oui mais, que diriez vous d’un Kiwi qui viendrait en France trois semaines et qui voudrait visiter le Mont Saint-Michel, gravir le pic du Midi, manger un cassoulet à Toulouse pour finir ébahi devant l’hôtel de ville du Havre… A titre personnel, je trouve qu’il y a mieux à faire car on ne peut pas tout faire… En Nouvelle-Zélande, c’est un peu la politique suivie par bon nombre… En trois semaines, faites des choix, mais n’ingurgitez pas des centaines de kilomètres parce que le guide du routard a décidé de tous vous emmener au même endroit, sans vous expliquer que les routes sont « INTERMINABLES » au pays des Kiwis…
Ainsi, de New Plymouth, nous partons à la conquête de la Forgotten World Highway ! Une virée pleine de surprises, sans touristes, en dehors des sentiers battus ! Pour Elise, cette route restera son coup de cœur de Kiwi !
Le lendemain matin, nous faisons donc le plein à Stratford avant de nous engager sur ce « no man »s land »… Elle a beau s’appeler « Highway », elle n’a rien d’une route stratégique pour le pays. Il s’agit tout simplement d’une toute petite route de campagne de 148 km qui relie Stratford à Taumarunui. Plus nous avançons, plus nous retrouvons des petites fermes en ruine et des micros villages si loin de tout…

Les paysages sont très très vallonnés, dotés d’un vert si intense que l’on pourrait croire que toutes mes photos ont été retouchées. Et bien non !

Sur ces vallons, des milliers de moutons gambadent tels des bouquetins en forme olympique. Nous avons devant nos yeux l’image d’épinale de la Nouvelle-Zélande… Côté affluence, un couple semble faire les touristes comme nous en s’arrêtant à chaque point de vue ; tandis que plusieurs motards du dimanche se font plaisir sur cette route parfaite, vallonnée et sans trafic ; le rêve pour eux… Et sur l’heure du midi tout ce petit monde se retrouve pour manger un bon gros hamburger à Whangamomona. Euh… dans la République de Whangamomona pour être plus exact !
La République loufoque de Whangamomona

Nous venons de rentrer à ce moment dans un monde parallèle. Vous me croyez pas ? Attention, ils sont fous ces « Whangamomonanais »…
J’essaie de vous faire simple, mais pour la petite histoire, dans un contexte de redécoupage administrative le territoire de la petite bourgade s’est vue découpé pour se retrouver à cheval sur deux territoires administratifs. Cela n’a pas plu à une quarantaine de pétitionnaires (habitants des alentours) qui ont décidé, le 1er novembre 1989, de déclarer l’indépendance de la bourgade. Disons que maintenant, vous saurez qu’en novembre 1989, il y a eu la chute du mur de Berlin et l’indépendance de Whangamomona.
Pour information, je vous mets la liste des présidents de la République de Whangamomona. Attention ma source est très sûre, c’est Wikipédia :
- « Ian Kjestrup (1989–1999): élu à son insu pour avoir été le premier à déposer un bulletin de vote.
- Billy Gumboot la chèvre (1999–2001) : Premier animal élu, cette chèvre l’a remporté en mangeant le bulletin des autres candidats.
- Tai le caniche (2003–2004) : Tai se retire après qu’une tentative d’assassinat lui a causé une dépression nerveuse.
- Murt « Murtle the Turtle » Kennard (2005–2015) : le garagiste du village l’emporte face à « Miriam », un(e) travesti(e), et Ian Kjestrup (l’ancien président déjà décédé). En 2009, il est réélu par une voix d’avance puis en 2011 par une majorité écrasante.
- Vicki Pratt (2015–2017) : première présidente de la République.
- John Herlihy (depuis 2017) : Herlihy l’emporta face à Jack Spearow, à Lili Jiao (qui voulait devenir un chat en cas d’élection) et à Ted (qui était déjà un chat), malgré les soupçons de fraude électorale pesant sur M. Spearow. Le 19 janvier 2019, jour de la fête nationale, le président Herlihy fut réélu pour un second mandat, face à Maketoni l’ours en peluche, Sherman le cacatoès, Eunice la brebis et Griff Robb (dont le programme incluait la promotion du tourisme maritime). L’élection fut controversée suite à la disparition de la candidate Eunice, les observateurs soulignant la vente suspecte de sandwiches au mouton au barbecue de la République. »
Bon je ne vous cache pas que quelques litres de bière ont dû couler au seul bar-hôtel de la République, chaque jour d’élection, pour inventer de telles histoires.
Toujours est-il que pour 2 petits dollars vous pouvez faire tamponner votre passeport pour marquer votre passage dans cette république loufoque. Bien entendu, on n’a pas manqué cette occasion avec ce nouveau trophée tamponné sur notre passeport.

Et c’est ainsi que nous voilà attablés avec deux motards du coin et très vite nous déballons sur la table une grande carte de la Nouvelle-Zélande. Ces derniers nous proposent de nous tracer le programme idéal sur nos deux prochains mois… Ah ces Kiwis, toujours prêts à être gentils… C’est fini oui… On n’est pas habitué nous, on ne va jamais repartir si vous continuez comme ça 😉

L’après midi, la route se dégrade sur 40 kilomètres et nous serrons les fesses pour ne pas casser notre pare-brise… Bon, entre nous, ça ne sert à rien… Finie la prairie verdoyante, nous sommes au fond des gorges Tangarakau, profondes de 200 m, dans une végétation luxuriante. Nous devons même traverser un trou de Hobbit (Hobbit’s Hole), surnom donné au tunnel Moki.

Et puis nous retrouvons une vraie route et de nombreux points de vue sur ces paysages presque trop verts. Cette route est une véritable aventure !

Un nouveau monde parallèle… Tout ça dans la même journée…
Nous poursuivons notre route, jusqu’en fin d’après-midi, jusqu’au village d’Ohura. Ce village semble avoir connu des heures glorieuses il y a bien longtemps, en témoigne tous les commerces plus ou moins abandonnés dans la seule rue principale…

L’exploitation des mines ayant pris fin et ces villages étant si loin des axes principaux, cela explique un peu la situation compliquée de ces bourgades à l’abandon. Toutefois, comme dans tous les villages du pays, le parc pour enfants est flambant neuf ainsi que la minuscule caserne de pompiers ; drôle de cocktail…
Ce soir nous dormons chez un petit couple qui semble tenir la seule activité économique du village. La femme, Michelle, a installé une gargote le long de la rue principale et bien que l’on se trouve au milieu de nulle part, elle semble faire son beurre avec les rares habitants encore en vie.

A peine arrivés, son mari nous propose de faire un petit tour en vélo. Bien entendu, tout cela gratuitement, je vous rappelle les Kiwis sont parfois trop accueillants. Bon, les vélos ont beau être originaux (cf. photo), ils ne sont pas très pratiques pour arpenter le relief accidenté du coin…

Du coup, nous allons seuls à la périphérie du village jusqu’au cimetière situé sur les hauteurs… Les jolies couleurs d’une fin d’après-midi arrosent un paysage formidable, baigné d’un vert éclatant et animé par des hordes de moutons et quelques vaches et chevaux disséminés ça et là ; peut-être l’un des plus beau paysage de notre voyage en Nouvelle-Zélande. Il y a des journées comme ça où tout semble vous sourir… Et lorsque, j’écris cet article j’ai l’impression que cette journée a duré une semaine…

Et oui, nous sommes pourtant si loin des sentiers touristiques. C’est un peu la morale de l’histoire. En Nouvelle-Zélande, il fait savoir se laisser porter et laisser son guide au fond du sac à dos.

Dans certains pays, cela peut s’avérer moins pertinent voire dangereux, je vous l’accorde, mais ici, cela peut s’avérer judicieux si vous voulez revenir tout chamboulé de ce pays. Et à ce moment, nous sommes ravis de ne pas avoir choisi la solution du van, comme en Australie, pour vagabonder ici. Car à toujours s’isoler dans des campings parfois sans vie, on ne rencontre personne… Si vous devez vous rendre chez les Kiwis, je pense que vous pouvez méditer sur ce point…
Le lendemain, changement de programme, direction le cœur volcanique de l’île !

FD