Du 7 au 11 février 2019, San Carlos de Bariloche.
Un trajet en bus mémorable !
Entre Buenos Aires et San Carlos de Bariloche, notre prochaine destination, il nous faut parcourir près de 2 000 km. En bus bien sûr, car point de train dans cette partie du monde. De plus, nous avons un peu trop utilisé l’avion à notre goût depuis le début de ce Tour du Monde. Nous souhaitons éviter de le reprendre, à part celui qui nous permettra de rentrer en France. Sur internet, je trouve un bus de nuit de la compagnie Bariloche. L’avantage, c’est qu’en achetant sur internet, on peut choisir sa place dans le bus. Je prends donc les places tout devant à l’étage. L’histoire de bien profiter du paysage.
Nous quittons Buenos Aires à contre-cœur. Avec le recul, nous aurions pu y rester plus longtemps. Mais pour une raison mystérieuse nous n’y avons même pas pensé. L’appel de la Pampa nous a sans doute un peu aveuglés.

Assis sur les banc défoncés de l’immense gare routière, nous sommes tout excités à l’idée de monter dans notre premier bus de nuit. Malgré notre impatience, nous gardons les yeux rivés sur nos sacs. Il faut dire la gare de Buenos Aires est impressionnante, immense, bruyante, désordonnée. Voyageurs, policiers et vendeurs ambulants remplissent les quais. La foule est dense et l’on ne sait où donner de la tête. J’ai même assisté à une belle engueulade entre la dame pipi et une passagère pour une sombre histoire de papier toilette. On n’était pourtant pas confiné à l’époque…
Enfin, vers 15h, le bus arrive, nous mettons nos sacs en soute dans la cohue et montons dans un bus flambant neuf.
Ainsi, c’est confortablement installés dans des fauteuils luxueux ,avec vue imprenable sur les embouteillages de cette ville tentaculaire, que nous quittons la capitale argentine. Il nous faudra deux heures tout de même pour quitter la ville et ses nombreuses banlieues.
Notre voisin essaie de nous parler mais son accent argentin très, très prononcé interdit toute communication. C’est d’ailleurs le moment d’évoquer l’accent argentin qui m’a donné beaucoup de fil à retordre. De tous les pays d’Amérique du Sud, c’est en Argentine que j’ai eu le plus de difficulté à comprendre les gens. Il faut dire qu’ils ont pris quelques libertés avec la prononciation. Enfin je dis ça je dis rien.

On nous expliquera plus tard que les Argentins sont en grande partie des descendants d’Européens (Italiens, Espagnols Allemands, Croates, etc.) qui ont un peu transformé l’espagnol comme les Québécois avec le français. A l’inverse dans des pays comme le Pérou ou la Bolivie, ce sont des peuples autochtones qui ont appris l’espagnol à l’école ; le même espagnol que j’ai appris à l’école en quelque sorte…

En tout cas, ce premier long trajet en bus nous laissera un souvenir impérissable. Le steward est aux petits soins avec les passagers. Un petit goûter est servi, puis un dîner digne de ce que l’on vous propose dans les avions.

Des films sont diffusés tandis que l’Argentine défile sous nos yeux. Nous finissons par nous enrouler dans nos sacs de couchage prêts à n’ouvrir les yeux que devant la beauté de Bariloche. C’était sans compter sur la police argentine qui nous réveillera à trois reprises en pleine nuit pour contrôler nos passeports et une fois pour venir border un passager complètement saoul. Quand je dis border, ce n’est pas au figuré, ils l’ont gentiment couché sur son siège, alors qu’on pensait qu’ils allaient l’embarquer au poste. Et moi qui pensait que les forces de l’ordre en Amérique du Sud étaient sans pitié.


Bariloche, une autre ambiance.
Le soleil brille quand notre bus se gare dans la petite gare routière de San Carlos de Bariloche, après 22 heures de trajet. C’est plein de touristes/randonneurs européens. Nous sautons dans un taxi. A mesure que nous nous approchons du centre nous ne sommes plus très sûrs de l’endroit où nous sommes. Parce qu’il faut le dire, ici, tout ressemble quand même beaucoup à la Suisse. En tout cas, ça n’a rien à voir avec Buenos Aires, à part les dizaines de vieilles Renault 11 qui émerveillent toujours autant François. C’est encore plus clair quand nous découvrons les rues du petit centre, après quelques heures de repos bien méritées dans notre chambre d’hôtel. Ici, il n’y a que des chalets en bois. C’est une ambiance de station de ski qui règne. Il faut dire que l’hiver, c’est une station de ski, tout ça paraît donc très cohérent…

La ville est posée au bord du lac Nahuel Huapi. Autour de Bariloche c’est la vie sauvage sur des dizaines de kilomètres. Le bord du lac ressemble un peu à la mer. Les Argentins s’y reposent au bord au soleil. Pourtant il fait frais même pour nous les Britano-normands.

Le tour de la petite ville aurait pu être rapide, mais nous ne tardons pas à découvrir deux atouts non négligeables de Bariloche :
- Petit 1: le salon de thé, appelé Tante Frida, qui sert un merveilleux chocolat chaud. Car oui j’avais oublié le chocolat est une spécialité de la ville.
- Petit 2: il est très facile de trouver une petite terrasse sympa où prendre un café au soleil.
Alors forcément, ça nous a pris du temps tout ça. Et le soir, on se fait un plaisir de tester les restaurants de la ville. Pâtes, pizza, viande délicieuse et vin argentin. On vit très bien à Bariloche.

Pampa Linda, oh oh oh jolie pampa !
N’allez pas croire que nous n’avons fait que glandouiller en terrasse pendant nos trois jours passés à Bariloche. Le deuxième jour, François nous prépara une petite excursion à base de randonnée dont il a le secret. La veille, nous étions allés acheter les tickets de bus à l’office du tourisme. Il vous assure le transports jusqu’au site situé à 70 km de là. L’objectif est d’aller observer, de près, le volcan Tronador. Ce volcan a une altitude de 3 491 mètres et possède pas moins de trois sommets et sept glaciers ! Un monstre ! Rien que son nom le rend encore plus effrayant, non ?
Le départ se fait à 8h30, non loin de notre auberge. Et même si la distance paraît faible, notre minibus mettra plus de trois heures pour atteindre sa destination. Pour info, le parc national Nahuel Huapi est payant (environ 750 pesos argentins par personne, soit è euros environ à l’époque). Pensez à penser à prendre du liquide, nous, on a failli ne pas rentrer.
En route, nous longeons les rives des lacs Gutiérrez et Mascardi, tout en étant secoué comme des pruniers. Vers 12h, nous sommes déposés devant la petit auberge de Pampa Linda. Le temps d’un café nous contemplons notre objectif : ce magnifique volcan qui nous fait de l’œil. En plus, la météo est avec nous.

C’est donc parti pour une quinzaine de kilomètres aller-retour. Le bus repartant à 17h30, nous devons surveiller l’heure sous peine de devoir dormir sur place.

Nous commençons par prendre la route utilisée par les véhicules. A l’allée, pas de soucis, ils sont très rares. Nous marchons donc sur plusieurs kilomètres avant de prendre un sentier qui s’enfonce dans la forêt et qui nous mène à la Garganta del Diablo, c’est à dire un point de vue imprenable sur le volcan et un de ses glaciers.

Nous décidons d’y manger et dégustons donc notre traditionnel sandwich tomate, thon, avocat, en observant des dizaines de petites cascades se jeter dans le vide (ou pas, car certaines prises dans des courants d’air semblent remonter en l’air en tourbillonnant). Nous reprenons la route presqu’à regrets, parce que des pique-niques dans des endroits aussi beaux, on ne s’en lasse pas.

La route du retour sera un peu moins agréable. En effet, l’endroit semble très prisé des locaux et nous croisons de très nombreuses voitures sur cette route très poussiéreuse. Cela ne nous empêche pas de nous arrêter très souvent pour contempler la splendeur des lieux. Et coup de chance ! Nous croisons un magnifique rapace (ce n’est pas un condor selon François, mais peut importe, il nous offre un sacré spectacle) qui accepte de se faire photographier, pas farouche pour un sou.
Sur la route du retour, François est tout fou de pouvoir observer une avalanche en direct. Nous marquons également un court arrêt au belvédère du lago Manso qui offre une vue privilégiée. L’occasion de prendre encore quelques photos, même si des dizaines de bus touristiques sont arrivées entre-temps. Un conseil, partez donc de bonne heure comme nous.

Lorsque nous arrivons enfin, fourbus, à Pampa Linda, le bus n’est pas encore là. Nous faisons donc comme les autres touristes, nous nous allongeons dans l’herbe en regardant une dernière fois « El Tronador ».

Cette journée, dans la magnifique nature argentine, n’a pas été sans nous rappeler notre séjour, encore tout récent, en Nouvelle-Zélande. Dès lors, nous avons décidé de ne pas descendre plus au Sud en Patagonie, préférant privilégier la partie nord du continent sud-américain, moins chère et très différente de ce que nous avons vu jusque là. Enfin, à l’époque, on ne faisait que s’en douter…
Journée allemande.
Le lendemain, dernier jour sur place, François nous avait prévu un petit programme à base de randonnée. Pour changer. Hélas, le temps, et une forme de résistance passive de ma part, ne nous a pas permis de nous adonner (encore) à une journée de marche. Nous décidons donc de déambuler dans la ville.

Cette journée d’observation fut l’occasion de nous rendre compte de l’empreinte qu’ont laissé les Allemands (enfin plutôt des Germanophones de toutes origines) sur cette ville. Déjà, ils ont fortement contribué à sa construction dès 1902 (aidés par des Italiens et des Chiliens). Ensuite, après la Seconde Guerre Mondiale, plusieurs criminels de guerre nazis s’y sont réfugiés (dont Mengele quand même…). Ce sens de l’hospitalité débridé a entaché l’image de la ville qui commence à peine à assumer ce passé. Pour preuve, ce « nazi tour » proposé par l’office du tourisme. On n’a pas pu le faire pas manque de créneau disponible mais on aurait été curieux de voir ce que ça donnait.

Plus légèrement, la marque allemande se constate dans toute la ville dans le nom des magasins, sur les boîtes aux lettres, les drapeaux allemands flottant un peu partout et même les produits proposés dans les magasins (très allemands). Nous terminons tranquillement cette journée très agréable. L’occasion d’acheter quelques petits souvenirs, de prendre un dernier bon repas dans un bon restaurant et, ça y est, c’est terminé l’Argentine pour quelques temps ; on y reviendra dans quelques semaines. Pour la troisième fois !

EBM