EPISODE 4 : PUERTO VARAS – UN LAC, DES VOLCANS ET DES ALLEMANDS !

Du 11 au 16 février 2019, Puerto Varas.

Un air vif et froid balaie la gare de Bariloche en ce 11 février. Des dizaines de randonneurs en herbe, de toutes nationalités, affluent pour poursuivre leur périple sud-américain. Nous engloutissons quelques sandwichs « queso y jamon » (jambon-fromage) sur le pouce, comme c’est la tradition ici. Dans quelques minutes, direction le Chili et la région de Puerto Varas.

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Encore une fois, nous avons de quoi nous sustenter dans le bus. Malheureusement, à chaque fois, c’est un peu la fête au plastique…

A Bariloche, nous venons d’apprendre qu’une famille chilienne nous attend, dans un mois environ, dans la région de Concepcion, au Chili, pour la cueillette des fraises. Nous avons donc décidé de ne pas descendre jusqu’en Terre de Feu (extrémité Sud du continent sud-américain) pour des questions budgétaires et de travail, car nos futurs hôtes vivent beaucoup plus au Nord.

De plus, la géographie du Chili est si particulière. Sylvain Tesson, écrivain de voyage, se l’imagine comme « un cigare de quatre mille kilomètres de long dont le bout incandescent s’appelle la Terre de Feu. » Pour vous donner une idée, du Sud au Nord, la pays correspond en gros à quatre France empilées les unes sur les autres. Autant dire, ça en fait des heures de bus…

D’ailleurs pour ceux qui pensent que la Terre de Feu est un univers rougeâtre à l’Australienne, détrompez vous. La Terre de Feu doit son nom à Magellan. En arrivant en 1520 au large de cet archipel, partagé entre l’Argentine et le Chili, Magellan aperçut de nombreux feux allumés par les habitants. Il appela d’abord l’île « terre de la fumée » puis « Terre de Feu ». Bon voilà pour la petite histoire « vous mourrez moins bête ». En ce qui nous concerne, on n’ira pas pour cette fois-ci.

Nous décidons donc de traverser les Andes pour la première fois afin de rallier une autre région à forte consonance germanophone : la région de Puerto Varas. De là, nous entamerons gentiment notre remontée de l’Amérique du Sud, côté chilien.

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Une nouvelle frontière à passer 😉 Cette fois-ci, c’est la fête du slip ! Tout le monde ouvre son sac devant tout le monde…

Avant cela, il nous faut déjà passer une première fois la frontière « Chilio-Argentine ». Un conseil, pour ceux qui souhaitent la traverser, rangez un peu votre sac. Les douaniers demandent à l’ensemble des passagers de votre bus de déposer les sacs sur une immense table de 50 cm de haut. De là, ils ouvrent des sacs, au hasard, devant tout le monde. Vous me voyez venir ; évitez de laisser votre linge sale au dessus de la pile, au risque de le voir éparpillé, sur cette immense table, aux yeux de tous. Pour nous, ce passage ne se déroule pas trop mal ; moins pour ceux qui pensaient pouvoir passer leur dernière banane ou autre pomme. Oui, on ne rigole pas avec l’importation de nourriture au Chili.

A Puertos Varas, on y vient pour son calme et son lac, où trône majestueusement un volcan à la symétrie quasi parfaite : je veux parler du volcan Osorno.

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Voici, le volcan Osorno !

De loin, il est déjà impressionnant le bougre. Nous arrivons à notre hôtel en début de soirée à la Casa Azul. Nous sommes surpris de voir autant de drapeaux allemands un peu partout dans les rues. Il faut rappeler que de nombreux Allemands avaient immigré au Chili, dès le XIXème siècle pour entrevoir une vie meilleure. Aujourd’hui, cette tradition allemande est toujours prégnante et n’est pas sans nous surprendre.

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A Puerto Varas, le poisson est dans tous les menus… Il faut dire que le littoral au Chili s’étend sur des milliers de km, tout comme les rivières, les lacs… enfin vous avez compris…

Le soir, nous allons manger dans un petit restaurant « authentique », tenu par une équipe de grands-mères chiliennes. L’accueil est froid, très froid, glacial, comme l’eau du lac… et c’est bien là l’une des particularités du Chili, comparé aux autres pays d’Amérique du Sud… L’accueil est souvent glacial aux premiers abords. A la Normande quoi ! Je ne suis pas vraiment dépaysé sur ce point.

Une première randonnée seule

A Puerto Varas, Elise souhaite prendre une journée de repos.

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Les maisons en bois de Puerto Varas ne sont pas sans charme….

De mon côté, j’opte pour une première randonnée, au départ du petit port de Petrohue, situé à 60 km à l’Est de notre auberge de jeunesse. Dès 7h du matin, me voilà partis dans les rues de Puerto Varas à la recherche du bon minibus qui pourra me déposer jusqu’à Petrohue. Malgré mon espagnol balbutiant, me voici le seul touriste, dans ce bus qui amène les salariés à leur travail. Drôle de sentiment, j’ai l’impression que moi aussi je vais aller travailler. Mon travail de la journée, une randonnée de 16 km environ, sur un sentier appelé « Sendero Paso Desolacion » (le sentier de la désolation), pour observer Osorno sous toutes les coutures.

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Je suis le premier à monter dans le bus, très vite rejoint par des dizaines de travailleurs… Bon sinon les Chiliens sont plutôt petits… Une vraie galère ces jambes….

Dès le début de cette bonne marche, je me rends compte que le chemin est meuble. Je marche dans un sol sablonneux et volcanique qui me casse les cuisses. Ce n’est pas très grave car je n’ai d’yeux que pour ce beau volcan. Je passe plusieurs anciennes rivières de lave. Au fond de ces dernières, Osorno, et son couvre-chef de neige, devient encore plus majestueux.

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C’est parti pour une longue journée de marche !

Avant midi, mon objectif est de monter jusqu’au mirador La Picada pour admirer le volcan Osorno, le Tronador (frontière entre les deux pays – cf. article précédent), le Puntiagudo (remarquable pour sa cheminée volcanique dégagée par l’érosion), et le « Lagos Todos Los Santos » (lac), tout cela en même temps. Je me rends compte en arrivant que je n’étais pas le seul à avoir eu cette idée. J’y retrouve de nombreux randonneurs d’origine allemande, pimpants, on dirait qu’ils sont montés là en moonwalk…

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Au loin, le volcan Puntiagudo ! Sa cheminée volcanique dégagée par l’érosion lui donne une stature si particulière
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Le Tronador en fond… C’est fou je commence à devenir difficile à ce moment du voyage…. Je deviens parfois très critique sur tant de beaux paysages…

De plus, je viens de me faire un autre ami. Un petit lézard vert d’une quinzaine de centimètres, qui a ma grande surprise, m’agresse, 1 fois, 2 fois… Non, mais ohhh !!! Les lézards sont censés avoir peur de nous normalement… C’est ainsi, que je finirai ma pomme debout, en vérifiant que mon vert ami ne se remette pas en mode combat.

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Il y a un lézard…

Depuis le début, je n’ai pas trop regardé ma montre, mais je n’ai fais que 6 km à force de faire des photos à chaque beau point de vue. Sauf, que le bus de retour est à 16h, je n’ai pas envie de le rater. Je n’ai pas envie de dormir à la belle étoile dans cet univers peut-être infesté de lézards verts. Qui sait ? C’est ainsi que ma promenade se transforme en vrai défit sportif sur un chemin de plus en plus meuble et sous un soleil de plus en plus brûlant. J’en arrive même à m’étaler dans les cendres volcaniques…

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Je n’ai croisé personne depuis deux bonnes heures, il serait dommage de se casser une cheville si loin de tout. Surtout que je n’ai plus d’eau… Quelle organisation… Mais plus de peur que de mal, j’arrive finalement à rattraper mon retard sur les 10 derniers kilomètres et à monter dans le bus juste à temps au bout de ma vie.

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Tout est bien qui fini bien… La plus belle vue, je l’aurai à la fin de la randonnée, au fond d’une ancienne coulée de lave…

Et Puerto Varas dans tout ça…

Le lendemain, on se repose un peu dans ce décor bavarois. Qui plus est, c’est la période des fruits rouges dans la région. Nous en profitons pour faire une cure de mûres et de framboises. Elles sont vendues une bouchée de fraises dans toutes les rues de Puerto Varas ; alors c’est le moment ou jamais…

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Une cure de fruits rouges, avant d’aller cueillir des fraises… On se met peu à peu dans le thème 😉

J’en profite l’après-midi pour visiter les alentours pendant qu’Elise reste lire à l’auberge.

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Très photogénique cette photo prise par dessus le linge d’une grand-mère… Comme quoi l’envers du décor…

Tous les soirs, nous en profitons également pour observer des couchers de soleil sur le lac, en regardant les dégradés de couleurs venir maquiller Osorno et son voisin Calbuco ; beaucoup moins photogénique il faut bien l’avouer. N’empêche qu’en c’est bien le volcan Calbuco, qui décida de se mettre en éruption, sans signe avant-coureur, en avril 2015, créant une pagaille générale dans toute la région…

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Voici le volcan Calbuco, beaucoup moins impressionnant mais pas moins dangereux…
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Oui, bon j’en ai pris un peu beaucoup des photos de ce volcan…

La galère avant la récompense du géant…

Le dernier jour (soit 4 passes en tout), Elise est de la partie, pour une deuxième randonnée qui semble moins prisée. Et j’avais vu juste… L’objectif est de contourner le volcan Osorno sur sa frange Sud. Nous n’allons croiser dans la journée qu’une bande de randonneurs sur 13 kilomètres de marche au total, dans ce superbe Parc National Vicente Perez Rosales.

Dès le départ, nous remontons une ancienne rivière de lave sur 2 kilomètres. La progression est difficile, le soleil tape fort et le sol est très caillouteux. Au bout d’une bonne demi-heure de galère, je m’aperçois que nous venons de faire tout ce chemin pour rien… Je sens Elise un peu exaspéré et inquiète.

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Le sol est meuble, la végétation dense et le soleil torride… Tout pour plaire à Elise… Une journée qui patine..

Nous finissons par rebrousser chemin et puis trouver le début du sentier après avoir pataugé, pour rien, dans les cailloux sur plus de 4 kilomètres. Repartis sur le bon chemin, il s’avère que ce dernier est peu entretenu ; en fait il ‘est pas du tout entretenu. Au bout d’une bonne demi-heure de marche, sous un soleil de plomb, je sens que cette journée est mal embarquée. Il nous est quasiment impossible de faire demi-tour, tellement le chemin est emprisonné par une végétation dense que je m’imagine, peut-être à tord, hostile. Je sens que cela devient difficile pour Elise à mesure que le soleil monte au zénith et plus le sol devient meuble. Après un mauvais moment passé, qui dura près de 2 heures, nous arrivons dans une immense trouée qui nous rassure un peu. Nous engloutissons alors notre énième sandwich avocat – tomate – thon.

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Une petite pause déjeuner… Elise doit reprendre ses esprits après une matinée galère… A cause de moi… Enfin, c’est pas moi qui entretient les chemins…

Après manger, quelques centaines de mètres plus loin, Elise peut enfin me pardonner de l’avoir emmené dans cette galère. Voilà enfin notre récompense, sur 1 kilomètre nous pouvons observer, seuls au monde, le majestueux volcan dans un silence de cathédrale. Paysage de désolation, moment magique ; sachant que la situation était un peu désespérée et angoissante dans la matinée, puisque notre champs de vision était limitée à 1 mètre tout au plus.

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Et pan, ça ne valait pas le coup de s’énerver ? Non ?
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Bon tu as raison, il est beau quand même…

Nous poursuivons notre route encore sur 9 kilomètres (dont une bonne partie en bord de route) pour récupérer le bus à l’entrée du parc à Ensenada. Elise est à plat et, moi, je suis rassasié de volcan.

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Nous voilà revenus à Ensenada, l’entrée du Parc National Vicente Perez Rosales. Le bus nous attend !

D’autres possibilités…

Pour ceux qui n’auraient pas trop de finances, il faut préciser que Puerto Varas est une station touristique relativement chic…

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De nombreuses maisons en bois on vraiment du cachet

On y a vu de nombreux bus de retraités aisés venus respirer l’air pure de la région. Alors, il n’est pas toujours facile de profiter des plaisirs de la région lorsque l’on a un budget limité. Je me suis posé la question à plusieurs reprises, de tenter l’ascension du volcan Osorno avec un guide bien évidemment… Mais il s’agissait pour moi de casser ma tirelire à hauteur de 400 euros… Pas possible dans le cadre de notre Tour du Monde. De nombreuses agences de voyage sont présentes sur place. Il y en a pour tous les goûts ; ce qui fait toutefois de Puerto Varas un lieu bien touristique à notre goût.

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Elise dans la galère des sols volcaniques…

Ce séjour à Puertos Varas a donc été sportif. Mais après tant de randonnées, Elise (et moi aussi d’ailleurs), nous avons envie de retrouver les gens du coin. Nous décidons donc de partir quelques jours sur l’île Chiloé. Deuxième plus grande île du continent sud-américain, située à quelques kilomètres de la côte. Cette dernière est baignée de légendes et de traditions. Elle semble boudée du tourisme européen ; alors direction Ancud, l’une des deux principales villes de l’île.

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Direction maintenant l’île Chiloé… Deuxième plus grande île du continent sud-américain. Une sorte de Bretagne perdue aux confins du Chili 😉

FD

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