Concepción et Curanipe, du 23 février au 4 mars 2019.
Concepción, un petit dinosaure pour la route,
Dans trois jours, nous devons être à Curanipe pour commencer un deuxième « woofing » (bénévolat) ; cette fois dans une ferme qui produit des fraises bio. En regardant les liaisons de bus, j’ai un itinéraire qui nous fait faire escale deux jours à Concepción, une grande ville située dans le centre du Chili. Castro-Concepción, il y a dix heures de route. Le bus partant à 5h30, nous passons nos premières heures de trajet à dormir. C’est vers midi que, nous estomacs criant famine, nous commençons à nous demander quand aura lieu le prochain arrêt pour manger. La réponse est : « jamais »… C’est un mystère que nous n’avons jamais élucidé en Amérique du Sud ; certains bus s’arrêtent pour vous laissez manger ou servent carrément de la nourriture, d’autres ne font rien de tout cela. Impossible de savoir à l’avance. Vous n’êtes jamais sûrs de pouvoir manger pendant le trajet.
C’est donc affamés et crevés que nous arrivons dans la très non-touristique ville de Concepción. Elle a quasiment 500 ans, un for bel âge. Mais ça ne se voit pas du tout car les tremblements de terre, très courants dans le coin, l’ont détruite à plusieurs reprises. Le seul taxi présent à la gare nous amène sans encombre dans la rue piétonne où se trouve notre hôtel. A peine les sacs jetés dans la chambre, nous nous précipitons vers la rue des restaurants et engloutissons une énorme pizza avec une bière. Note à nous même : toujours prendre à manger quand on fait un trajet en bus en Amérique du Sud.
Le lendemain, un dimanche, est notre seule journée sur place. Cela semble suffisant pour parcourir cette ville dont les principaux arguments touristiques (que nous avons trouvés) sont les quelques dinosaures qui ont été érigés dans un parc pour enfants. Et vu que nous sommes toujours de grands enfants…

Au final, nous passons une journée calme et agréable, à profiter d’un autre aspect du Chili.

Une journée intense,
Pour rejoindre Curanipe, qui est une petite ville côtière, il nous d’abord atteindre la ville de Talca et changer de bus.

Après 3h30 de trajet de bus nous arrivons ; c’est alors une cohue sans nom qui nous assaille. Il y a des gens partout, des bus partout, l’endroit à l’air d’être un nœud de transport important. Nous trouvons finalement une cafétéria un peu au clame et dégustons un plat bien gras à la Chilienne. François me fait remarquer la présence d’un VRP de Coca Cola au comptoir… Ces derniers sont vraiment partout dans ce pays.
Nous reprenons la route après deux heures de pause à Talca. Encore 3h30 et nous voilà enfin arrivés à Curanipe. La petite ville est vraiment mignonne. Ici l’ambiance est celle d’une station balnéaire. Après une heure d’attente sur la petite place centrale, Jorge, notre logeur, arrive enfin au point de rendez-vous. C’est toujours une drôle de sensation de commencer un « woofing ». Parce qu’aller vivre chez des inconnus, c’est toujours un pari. Jorge a un pick-up. Je monte devant avec lui et François se retrouve dans le coffre pour les 15 km qu’il nous reste à faire.

Une étrange arrivée,
En arrivant dans la maison de bois, flambant neuve, de Jorge, Gabriela et la petite Mathilda de 5 mois, nous faisons la connaissance de Sabrina et Max, un couple Franco-Suisse qui vient de passer une semaine de bénévolat. C’est leur dernière soirée, ils doivent repartir demain. Et même s’ils ne nous disent rien, nous sentons directement un certain malaise ambiant.
Jorge et Gabi nous expliquent le fonctionnement de la maison, en insistant sur certains points. On les sent un peu tendus ; tout cela nous met la pression. Nous nous mettons à table tous les quatre ; Jorge et Gabi eux s’affairent dans la maison sans s’assoir avec nous. On est un peu étonnés de cette entrée en matière, car le concept du « woofing » repose principalement sur l’échange. Et comment dire… le menu nous a semblé très, très léger. Une banane, quelques fraises pour quatre adultes et un bout de pain avec du pâté chacun. Lorsque nous allons nous coucher, nous nous sentons un peu mal.
Par contre, en allant rejoindre la tente dans laquelle nous dormons, nous découvrons un magnifique ciel étoilé. Je n’avais jamais rien vu de tel (même en NZ). On aperçoit la voie lactée, c’est magique (même si François dit qu’il a déjà vu la voie lactée à Saint-Pierre-en-Port).
Après une nuit glaciale, le réveil est rude. Le petit déjeuner est lui aussi très léger. Sabrina et Max, qui ont décidé de descendre en Patagonie en stop, sont déjà partis. Dans quelques semaines nous les croiserons au Pérou pour un petit débriefing de toutes nos aventures. Nous leur souhaitons bon vent, eux qui sont toujours en voyage…
Pour cette première journée de travail, Gabi nous emmène dans une cabane où nous passerons les cinq heures à venir, tous les deux (François et moi), à couper des fraises.

Pour être honnêtes, à ce moment, nous nous sentons un peu plus désappointés. Ca ne nous dérange pas de travailler, nous sommes venus pour ça, mais nous comprenons vite que nous remplaçons la main d’oeuvre que Jorge ne peut payer.
Le midi, nous mangeons en tête à tête avec Gabi. Jorge est débordé de travail, il est parti livrer des fraises à Concepción, ça lui prend toute la journée.
L’après-midi étant libre, nous partons découvrir la plage située à un petit kilomètre. Elle est magnifique, déserte, ensoleillée. Point question de nous baigner, il fait bien trop froid et les vagues sont très fortes. Nous regardons plutôt les nombreux pélicans qui vont et viennent. L’endroit est incroyable.

En revenant à la ferme, une bonne surprise nous attend, un nouveau « woofeur » vient d’arriver. Oscar, anglais et surfeur de son état, fait un petit tour des plages de surf en Amérique du Sud et finance son périple par le bénévolat et les petits boulots. On sympathise vite avec ce nouveau compagnon de fortune.
Le soir, nous mangeons tous les cinq. L’ambiance est plus détendue, on se sent mieux. En revanche, nous partageons deux tomates et un avocat à cinq. Même avec un bout de pain chacun, c’est un peu juste à mon goût. Pour la deuxième nuit consécutive, nous nous couchons le ventre gargouillant.
Dans les fraises…
Le matin du mercredi, les choses sérieuses commencent : la cueillette des fraises. Jorge nous montre comment faire et nous laisse tous les trois à notre tâche. Elle est ardue, la terre est bien basse. Une certaine souplesse est exigée. On bout de trois heures sans arrêt, je sens que je manque de force. J’ai la tête qui tourne ; le régime de ces deux derniers jours fait effet. Je suis à deux doigts de tomber dans les fraises !
François me dit que je suis toute blanche. D’ailleurs je mange quelques fruits de temps en temps pour tenir le coup. Soit dit en passant, elles sont délicieuses et sans pesticide, s’il vous plait. Selon Jorge, il est le seul exploitant bio de la région. Et Dieu sait qu’il y en a des fraises dans le secteur…

Après une petite pause que nous nous auto-octroyons, à 10 h, et un petit café qui fait plaisir, il est enfin temps de terminer. On est crevés, mais ce n’est pas désagréable de se sentir utiles. François adore son « taf », même si ses grandes jambes ne sont pas un avantage pour un tel travail.

Jorge nous explique qu’il fait le champ tout seul en deux jours. A trois, on a fait un quart en une journée. Notre hôte semble tout de même content de nous. Malgré cela, je ne peux m’empêcher de me sentir mal à l’aise dans ce « woofing « qui n’est pas ce que je t’attendais. Nous étions venus pour échanger et apprendre à connaître d’autres personnes.

En fait Jorge a surtout besoins de bras, son entreprise n’a pas l’air d’être viable financièrement et Gabi quant à elle semble subir cette situation. Bref, on ne s’y retrouve pas et le régime alimentaire plus que léger est un problème. Bien sûr, on ne réclame pas un festin à tous les repas, mais juste de quoi tenir le coup, quitte à manger des pâtes, du pain ou autre.

You’d better stop.
L’après-midi nous tentons une expérience inédite : le stop. En effet, nous souhaitons faire un petit tour à Curanipe, située à une bonne demi-heure de voiture. Jorge et Gabi nous ont expliqué que c’était très facile.

En effet, au bout de cinq minutes une voiture s’arrête et une demi-heure plus tard nous voilà arrivés dans la charmante petite bourgade de Curanipe. Nous profitons du marché pour acheter des « churros », ils nous semblent délicieux. On avait vraiment faim. Nous nous rendons sur la plage, puis sur la place principale du village pour avoir un peu de wifi. Pour être honnête, notre but n’est pas seulement de nous balader mais également de réserver un hôtel pour le week-end à Curanipe, puis un autre à Santiago du Chili pour la semaine qui suit.

Nous devions rester deux semaines chez Jorge mais nous ne nous sentons pas assez bien pour y rester aussi longtemps. François est plus emballé que moi à l’idée de rester, mais il se résout à me suivre dans ma décision.
Le retour sera tout aussi facile en stop. Ca a l’air d’être une pratique courante dans le coin. Le soir, j’annonce à Jorge que nous partirons le vendredi soir. Il est un peu surpris mais ne dit rien ; la soirée se passe bien autour d’un repas toujours aussi léger.
Ca finit mieux que ça a commencé.
Nous sommes jeudi matin, il nous reste deux journées de travail avant de partir. Le fait de savoir le départ si proche me soulage. Nous commençons donc à cueillir tous les trois, Jorge est ailleurs. Le défi est de terminer le champ de fraises, sinon Jorge sera obligé de le terminer seul ce week-end. Après les cinq heures de travail et un repas un peu plus consistant que d’habitude, François et Oscar décident de continuer le boulot ; de toute manière on n’avait rien de prévu de particulier cet après-midi. Je les accompagne un peu. Le soir quand Jorge rentre, il est surpris et touché de voir que le travail est bien avancé. Pour la peine, il sort le grand jeu : une bonne bouteille de vin du Chili. De son côté, Gabi nous prépare un bon plat. On rigole bien tous les cinq. L’obstination d’Oscar et François a travaillé 10 h par jour, au lieu de 5h, semble détendre notre petite assemblée.

Le dernier jour, François décide de finir coûte que coûte le champ. Avec Oscar, ils travaillent tout l’après-midi et réussissent leur pari.

Pour nous remercier, Jorge décide d’organiser un barbecue chilien. Il paraît qu’ils sont bien meilleurs que les barbecues argentins.

Nous terminons en beauté ce « woofing » en dégustant de la délicieuse viande chilienne, sous un ciel étoilé toujours aussi incroyable et quelques bières qui ont apaisé les quelques incompréhensions de ces derniers jours. Notre deuxième bénévolat se termine décidément bien mieux qu’il n’avait commencé.
Le pied à Curanipé !
Curanipe est une petite station de vacances envahie, le week-end, par des touristes chiliens. Nous avons donc profité de cette ambiance de vacances pendant les deux jours que nous avons passés là. Le samedi, nous mettons longtemps à émerger, cette semaines dans les fraises nous a crevé.
Après avoir regardé Titanic en espagnol, nous partons finalement à la recherche d’un lieu pour manger. Ici, c’est, soit « completo » soit restaurant de poissons.

On déambule dans la petite fête foraine installée près du marché. On visite le « parking » des bateaux de pêche colorés, qui attendent sagement la reprise de la pêche lundi.



Le dimanche, Oscar, qui souhaite rester chez Jorge encore quelques jours, vient prendre une bière (même plusieurs) avec nous. Oscar s’amuse avec le « franglais » de François et François s’amuse à apprendre quelques mots de français à Oscar.
A Curanipe, difficile de se baigner. C’est clairement un endroit pour surfer. D’ailleurs pendant notre séjour, une compétition est organisée.

Nous passerons une bonne partie du dimanche après-midi à regarder le spectacle en compagnie des familles du coin. De nombreux vendeurs de plage proposent toutes sortes de sucreries. On se laisse tenter par une brochette de fraises au chocolat. Une belle façon de conclure cette semaine dans la région des « frutillas » (fraises).
EBM et FD